Seul ingénieur naval connu au Cameroun, monsieur Forjindam a présidé pendant 20 années aux destinées de l’unique entreprise chargée des constructions navales dans ce pays (Le Chantier naval et industriel du Cameroun, communément appelé C.N.I.C), dont il a d’ailleurs contribué à la création.
Jusqu’à son limogeage lors d’un conseil d’administration réunie en session extraordinaire le 07 mai 2008, suivi de son incarcération immédiate, la CNIC sous Zacchaëus Forjindam réussissait la prouesse (dans une économie atone) d’être une entreprise navale prospère et florissante, qui dégageait un chiffre d’affaire de 40 milliards de FCFA (retombé depuis à moins de 10 milliards, voire nul); d’offrir des milliers d’emplois aux Camerounais venus de toutes les régions; et même d’entrevoir un avenir radieux grâce à un carnet de commandes plutôt bien rempli, et au lancement des travaux de construction du Yard Pétrolier de Limbé (YPL) sur la côte maritime camerounaise (en zone ouest anglophone).
Travail de titan s’il en est, mais désormais terni par la véritable chasse aux sorcières que le régime de Yaoundé livre systématiquement contre ses “meilleurs”, dans un système de gouvernance d’essence crapuleuse et mafieuse.
En prison sur la base d’un rapport bâclé
Source: hurinews.com
Selon le journal camerounais Kalara, les rapports des cabinets d’audit ayant servi de base à la condamnation en 2010 de l’ancien directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun parlent de dépenses sans pièces justificatives alors que, d’après Zaccheus Forjindam, ces dernières étaient bel et bien disponibles au sein de l’entreprise. Bien plus, le Contrôle supérieur de l’État aurait crédité l’ancien patron du Chantier naval d’une bonne gestion. En effet dans un rapport adressé le 15 octobre 2007 à la présidence du Cameroun par le ministre alors en charge du contrôle supérieur de l’État (Consupe), M. Siegfried David Etame Massoma, ne laisse apparaître aucune trace de mauvaise gestion. Il conclut même à une «bonne santé financière du Cnic».
La diversion politique comme instrument de lutte contre la corruption.
En 2010 M. Zacchaëus Forjindam était donc le lampiste désigné de l’année. Pourquoi changer une méthode qui réussit si bien au régime en place depuis 1997 (date de la première condamnation de l’ancien ministre Titus Edzoa et du Franco-camerounais Thierry Michel Atangana: la diversion politique comme instrument ô combien redoutable de lutte dite contre la corruption?
Les indices de perception de la corruption les plus alarmants peuvent ainsi se succéder sans discontinuer depuis 20 années, plaçant toujours le pays de Paul BIYA dans le peloton de queue des États les plus corrompus du monde et d’Afrique. Cela n’y change fondamentalement rien à sa propagande officielle, à sa rhétorique bien huilée sur la condamnation puis l’incarcération à vie de corrompus soigneusement désignés.
Car la diversion institutionnalisée est la seule réponse que puisse raisonnablement offrir une dictature crapuleuse qui ne souhaite nullement endiguer la corruption sur laquelle elle prospère depuis 33 longues années. Et à bien y penser, le fait de livrer de la sorte à la vindicte populaire et aux bailleurs de fonds multilatéraux les têtes de quelques lampistes bien désignés, constitue l’unique moyen dont dispose Paul BIYA de détourner les regards inquisiteurs de la communauté internationale sur sa mauvaise gouvernance chronique, dont la misère endémique constitue le lot quotidien de l’écrasante majorité des Camerounais.
Personne ne pourrait le lui reprocher…sans être dupe d’une telle manœuvre politicienne particulièrement bien huilée.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
Source: LeFigaro.fr