Cul de sac? La tyrannie et la logique de l’esclavage, de l’exploitation et de la violence
Avec les récents événements tragiques, épuisant et démoralisant du meurtre raciste de George Floyd et la mystérieuse disparition en séquestration sous la torture du journaliste Samuel Wazizi désormais qualifié de «terroriste» par le régime de Yaoundé, des organisations de défense des droits de l’Homme telles que le CL2P ont toujours compris que les réponses agressives dirigées contre les Camerounais ordinaires par les machines de guerre de la tyrannie ne sont pas seulement l’œuvre de quelques mauvaises graines.
Ces machines de mort sont des institutions efficaces spécialement conçues pour lutter contre l’insurrection populaire et toutes sortes de dissidences. Au Cameroun, les machines de mort ont notamment été très efficaces pour assurer la longévité de la tyrannie qui a commencé avec la liquidation des combattants de la liberté pendant la guerre d’indépendance du pays, tous étiquetés comme des « maquisards», des sauvages et des vampires sanguinaires se nourrissant du sang d’innocents Camerounais, donc bons à exterminer.
Malheureusement, ce cycle de violence se répète sans cesse et étale tous les jours le sale boulot du tyran à travers ses puissantes machines de mort et ses experts de la torture: les disparitions forcées et les massacres à grande échelle des populations civiles anglophones pour dominer à jamais les esprits. Il met également en lumière tout ce qui ne va pas dans le pays, de la gestion chaotique du COVID-19 à la dissidence politique. Nous avons ainsi affaire à un régime qui utilise des machines de répression, de surveillance et de violence pour gérer les problèmes d’exploitation et d’inégalité sociale.
Une véritable logique d’esclavage et d’exploitation fondée sur la coercition et les menaces.
Aussi, alors même que nous faisons tout notre possible pour créer de la place aux humains et lutter pour toutes les victimes des machines de mort de la tyrannie, nous devons également prêter une attention de tous les instants aux menaces existentielles posées sur nos vies par une tyrannie qui fait de chacun de nous des Floyd et Wazizi potentiels.
Force est de reconnaître en effet que notre pays est une plantation néocoloniale biopolitique déguisée en État-nation moderne. Une plantation où nous travaillons sous un mur épistémologique d’ignorance volontaire, où nous prétendons tous vivre dans une «démocratie apaisée» comme des « citoyens libres » à l’opposé croyons-nous des créatures zombifiées et revendiquées du Nnôm Ngui. Pourtant le Nnôm Ngui comme un Dr. Frankenstein refuse absolument de reconnaître une quelconque existence citoyenne y compris à ses propres créatures, laissant de la sorte tout le monde à bout de souffle.
Au fond, toute personne qui aime la liberté comprend aisément que, dans un contexte totalitaire comme celui-ci, il devient absolument important que nous soyons d’abord des artistes de nos propres vies, au lieu d’être des rouages zombifiés dans la roue de la machine de mort de la tyrannie. En cela des artistes camerounais, tels que Jean-Pierre Bekolo, Richard Bona et plus récemment Charlotte Dipanda, nous montrent la voie de la puissance créatrice et salvatrice offerte par la souveraineté artistique, l’autodétermination et de l’autonomie associative.
L’apathie ne peut simplement plus être un choix assumé pour l’Homme camerounais. D’où la nécessité de redonner la priorité à nos politiques de manière saine et de réinvestir en nous, plutôt que de nous adonner au culte de l’immortalité obscène d’un Nnôm Ngui qui ne mérite en aucune manière notre soutien.
Intégrons donc une fois pour toute que l’égalité et la justice sociale sont les conditions préalables à un ordre social productif et à la paix durable.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Cul de Sac? Tyranny and the Logic of Slavery, Exploitation and Violence
With the recent tragic, exhausting and demoralizing events concerning George Floyd and the mysterious disappearance of journalist Samuel Wazizi now qualified as “terrorist” by the regime in Yaoundé, human rights organizations such as the CL2P have always understood that the aggressive responses directed against ordinary Cameroonians by the war machines in tyranny are not only the work of a few bad apples.
Death machines are efficient institutions especially designed to fight insurgency and all kinds of dissension. In Cameroon, the death machines were very effective for the longevity of the tyranny which started with the freedom fighters and the war of independence of the country labeled as “maquisards”, savages and bloodthirsty vampires feeding on blood of innocent Cameroonians and exterminated.
Unfortunately, a cycle of violence that keeps repeating itself and always doing the bully’s dirty work as powerful and effective death machines with experts in torture, enforced disappearances and large-scale massacres to dominate the streets illustrates all that which goes wrong with the country ranging from the management of COVID 19 to political dissent. We are dealing, in fact, with a regime which uses repression, surveillance and violence to manage the problems of exploitation and social inequality.
A logic of slavery and exploitation based on coercion and threats.
Therefore, while we do everything we can to make room and fight for the victims of death machines in tyranny, we are very aware of the existential threats of life under tyranny where we are all potential Floyd and Wazizi.
Indeed, we recognize our country as a neo-colonial biopolitical establishment disguised as a modern nation-state. A plantation where we work under an epistemological wall of voluntary ignorance where we all pretend to live in a “peaceful democracy” while being free citizens instead of zombified creatures of the Nôm Ngui.
A Nôm Ngui, himself, as Dr. Frankenstein refusing to recognize his own creatures leaving everyone breathless. Anyone who loves freedom understands that, in this totalitarian context, it is important to be an artist of our lives instead of being zombified cogs in the wheel of tyranny. Cameroonian artists, such as Jean-Pierre Bekolo, Richard Bona and more recently, Charlotte Dipanda, show the way to the power of artistic sovereignty, self-determination and associative autonomy, knowing that apathy is not more a choice and the need to give priority to our policies in a healthy way and to reinvest in ourselves rather than the obscene cult of immortality of the Nôm Ngui which does not deserve our support.
It is with the knowledge that equality and social justice are the prerequisites for a productive social order and peace.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P