L’autre jour, un patron soupçonnant un de ses employés de lui avoir soutiré quelques sous, ou de l’avoir doublé sur quelques coups, décida de le punir.
Il fit débarquer bruyamment au bureau, une vingtaine de gendarmes, armés comme pour débusquer le plus redoutable des terroristes. Lesquels empoignèrent rudement l’employé suspect et l’embarquèrent, non sans l’humilier devant ses collègues et surtout, en filmant par le menu, la scène.
Il se trouve que, cette entreprise est une chaine de télévision, que cet employé est un journaliste, et ce patron un homme d’affaires récemment enrichi…Le film de l’arrestation est passé en prime time au journal du soir, avec des ” reportages ” à charge contre le collègue et à la gloire du patron.
C’est dans l’air du temps, les réseaux sociaux se sont enflammés, avec surtout ceux pour qui, ” c’est bien fait” pour ce journaliste, eu égard à sa manière particulière- c’est peu dire- de pratiquer le métier…Là n’est point le problème.
Ce qui interpelle dans ce scénario, c’est l’utilisation de la force publique et des institutions de la république pour régler une affaire privée, en marge de la loi.
Les membres des forces de sécurité qui se prêtent à ce jeu souillent l’uniforme des Forces Armées du Cameroun. Ce ne sont pas des gendarmes, ce sont des sicarios.Les magistrats qui participent à cette mise en scène burlesque font parjure.
Les journalistes qui ont prêté leur plume à cette salissure, ont perdu tout honneur professionnel. Aux yeux de leurs pairs et auprès du public.
Pour le reste, ceux qui annonçaient le chaos le voient se dessiner sous leurs yeux : la prise en otage des forces de sécurité et des institutions de la république par des groupes villageois.
La peur instillée si savamment depuis le temps a-t- elle installé la torpeur ?
Il reste tout de même dans notre pays des personnes sensées, capables de dire stop à cette dérive.
C’est sur ce type de détails que se joue parfois le destin d’une Nation.