Politique électorale et intégrité judiciaire au Malawi
L’opposant Lazarus Chakwera est littéralement revenu d’entre les morts pour battre le président sortant, Peter Mutharika, avec près de 60% des voix, un jalon dans la politique africaine.
En février, les élections présidentielles de mai 2019 ont été annulées par la Cour suprême, invoquant des irrégularités de vote généralisées. Des élections ont déjà été annulées sur le continent, comme au Kenya en 2017, mais aucun candidat de l’opposition n’a jamais remporté d’élection renouvelée en Afrique, ce qui rend la victoire de M. Chakwera inédite.
En effet il s’agit d’une victoire sans précédent pour la démocratie en Afrique avec une décision judiciaire indépendante confirmant que les preuves de fraude étaient si répandues et flagrantes que les résultats étaient entièrement compromis. Il est très rare qu’une cour suprême décide de la sorte que les gens méritent une élection sans abus systémiques, alors que la Cour constitutionnelle dans des pays comme le Cameroun, non seulement tolère, mais encourage même amplement la fraude électorale systémique.
La Cour suprême du Malawi a également ordonné que la Commission électorale chargée de surveiller ces élections frauduleuses soit licenciée et même traduite en justice pour fraude. Un grand coup porté à une culture généralisée d’impunité et de pouvoir pur, dur, et sans retenue sur le continent.
C’est une grande victoire pour la démocratie car c’est la première fois qu’un système judiciaire en Afrique démantèle une infrastructure électorale corrompue et montre le pouvoir de la force judiciaire qui est totalement sans précédent.
Dans un pays comme le Cameroun, personne ne s’attend même à un minimum d’indépendance vis-à-vis de notre système judiciaire qui est entièrement détenu par le Nnôm Ngui et tous les juges constitutionnels sont ses «créatures»; donc atavistiquement incapables d’être indépendants même s’ils le souhaitent.
Cela démontre que cette manière d’équilibrer le pouvoir et les connaissances pour réinventer une forme démocratique et responsable de système judiciaire peut être mise en œuvre sur le continent.
Les organisations des droits de l’homme, telles que le CL2P, connaissent le droit et comprennent que les connaissances et l’expertise juridiques doivent être dissociées de la politique pour fonctionner correctement. Par conséquent, nous ne devons plus tolérer des élections de troisième ordre, nous pouvons faire mieux.
Dans des endroits comme le Cameroun, le pouvoir judiciaire devrait être en mesure d’expliquer comment il est toujours d’accord à 100% avec le régime en place depuis 38 ans. Comment définissent-ils l’indépendance judiciaire dans ce contexte? Comment pouvons-nous renouveler notre démocratie alors que les questions juridiques essentielles sont déjà réglées avant même qu’elles puissent être portées devant le tribunal?
La Cour suprême du Malawi crée un précédent pour demander un meilleur système judiciaire dans un système politique généralement corrompu qui continue d’attaquer notre humanité fondamentale et de garder ses bottes sur nos cous. Ainsi, un système qui nous mine tous. Par conséquent, nous devons construire des formes solides de solidarité, au-delà de l’ethnofascisme et des institutions qui flattent nos instincts tribaux, car nous ne pouvons que prospérer ensemble.
Nous devons réaliser que nous devons nous mobiliser pour que nos votes comptent, sachant que les dictatures sont des menaces existentielles pour notre humanité.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
Electoral Politics and Judicial integrity in Malawi
President Lazarus Chakwera literally returned from the dead to defeat outgoing President Peter Mutharika with nearly 60% of the vote, a milestone in African politics.
In February, the May 2019 presidential elections were canceled by the Supreme Court, citing widespread voting irregularities. Elections have already been canceled on the continent, as in Kenya in 2017, but no opposition candidate has ever won a renewed election in Africa, making Mr. Chakwera’s victory unprecedented.
It is an unprecedented victory for democracy in Africa with an independent judicial decision that the evidence of rigging was so widespread and blatant that the results were entirely compromised. It is very rare that a supreme court decides that people deserve an election without systemic abuses that the Constitutional Court, in countries like Cameroon, not only tolerates, but even encourages.
The Supreme Court also ordered that the Election Commission responsible for monitoring these fraudulent elections be dismissed and even brought to justice for fraud. A great blow to a generalized culture of impunity and pure and unrestrained power on the continent.
This is a big deal because it is the first time that a justice system in Africa dismantles a corrupt electoral infrastructure and shows the power of the judiciary which is completely unprecedented. In a country like Cameroon, nobody even expects a minimum of independence from our judicial system which is entirely owned by the Nnôm Ngui and its “creatures” and therefore atavistically incapable of being independent even if they want to.
This shows that this way to balance power and knowledge to reimagine a democratic and responsible form of judicial system can be done on the continent.
Human right organizations, such as the CL2P have a knowledge of the law and understand that legal knowledge and expertise has to be sepated from politics to function properly. Consequently, we must not tolerate third-rate elections, we can do better.
In places like Cameroon, the judiciary should be able to explain how it still 100% agrees with the regime. How do they define judicial independence in this context? How can we renew our democracy when legal issues are already settled before they can even go to court?
The Supreme Court of Malawi is setting a precedent to demand a better justice system in a corrupt political system that continues to attack our basic humanity and keep its boots on our necks. So a system that undermines us all. Therefore, we must build solid forms of solidarity, beyond ethnofascism and institutions that flatter our tribal instincts, because we can only prosper together. We have to realize that we have to mobilize so that our votes count, knowing that dictatorships are existential threats to our humanity.
The Committee For The Released of Political Prisoners – CL2P