L’ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, était toujours en garde-à-vue mardi 18 août. Il a été arrêté lundi en fin d’après-midi par des policiers de la brigade chargée de la répression crimes économiques. Cette arrestation fait suite à la remise à la justice du rapport de la commission d’enquête parlementaire portant sur des crimes économiques durant la décennie passé par l’ancien homme fort de Nouakchott au sommet de l’État. Les avocats de Ould Abdel Aziz contestent la légalité de la procédure ayant conduit à son arrestation.
Mohamed Ould Abdel Aziz a été arrêté à la veille d’une conférence de presse qu’il voulait organiser à Nouakchott. Ses proches parlent d’un enlèvement par la police politique. Selon ses avocats, qui l’ont rencontré, il a refusé de répondre aux enquêteurs à la direction de la sureté de l’État. Ils enquêtent après la remise d’un rapport parlementaire en janvier dernier à la justice. Un dossier qui concernait la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l’État à Nouakchott ou encore la liquidation d’une société publique qui assurait l’approvisionnement en denrées alimentaires.
Me Takioullah Eidda, un de ses avocats, conteste la légalité de l’arrestation de l’ancien président. “Ould Abdel Aziz ne peut être questionné sur tout ce qui touche à sa gestion de président de la République, des affaires de l’État, de la chose publique que devant la Haute Cour de Justice et seulement en cas de haute trahison suivant la procédure que cette haute cour fixe’‘, affirme-t-il. Et d’ajouter : “La procédure appliquée à Ould Abdel Aziz actuellement est en dehors de tout ce cadre“.
Signal fort dans la lutte contre la corruption?
En réponse aux avocats de Ould Abdel Aziz, le parquet général a déclaré dans un communiqué que “la procédure de l’enquête ayant abouti à son arrestation est conforme aux lois.”
Toujours dans le cadre de cette enquête, la justice mauritanienne a ordonné le gel des avoirs bancaires de personnalités citées dans le rapport de la commission parlementaire. Plusieurs ministres et hauts responsables du pouvoir de Ould Abdel Aziz ont été entendus par la brigade des crimes économiques.
La poursuite d’un ancien chef d’Etat pour corruption est une première en Mauritanie. Pour Me Lo Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès, l’arrestation de Ould Abdel Aziz pourrait atténuer la culture de l’impunité en matière de corruption et de mauvaise gouvernance. Il est, selon lui, ”évident que maintenant ceux qui gouvernent s’y prendront à deux fois avant de faire ce qu’ils veulent avec les deniers de l’État‘.’ Me Gourmo ajoute que c’est ”fondamental pour la Mauritanie et pour toute l’Afrique qui suit ce qui s’y passe actuellement”.