Après 238 jours de grève de la faim, l’avocate turque Ebru Timtik est décédée jeudi 27 août dans un hôpital d’Istanbul, a annoncé son cabinet sur Twitter.
Ebru Timtik avait été condamnée en 2019 à plus de 13 ans de prison pour «appartenance à une organisation terroriste». Elle faisait grève, aux côtés de son confrère Aytac Ünsal, pour demander un procès «juste». Les deux avocats avaient déclaré qu’ils «persisteraient dans leur grève de la faim même si elle devait entraîner leur mort».
Des affaires médiatisées qui nuisaient au pouvoir
Les deux avocats appartenaient au cabinet People’s Law Office, connu notamment pour son travail sur des affaires médiatisées, telles que celle de Berkin Elvan, 15 ans, décédé lors des manifestations du parc Gezi après avoir été touché à la tête par une bombe lacrymogène tirée par un policier, indique Front Line Defenders, qui soutient les défenseurs de droits humains.
Le cabinet représentait aussi Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux éducateurs renvoyés de leurs postes après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016. Les 14 avocats de People’s Law Office ont été arrêtés deux jours avant le procès des éducateurs, qui devait commencer le 14 septembre 2017.
«En Turquie, on tue les avocats en prison»
Début août, Özkan Yücel, président du barreau d’Izmir, s’était alarmé de l’état de santé des deux avocats auprès de RFI : « Ils sont hospitalisés contre leur gré dans des conditions encore plus strictes que celles de la prison, dans une pièce sans aération appelée “cellule des condamnés”. Ebru et Aytaç sont en train de mourir. Si rien n’est fait maintenant, les séquelles seront irréversibles. Leur vie est en jeu. »
À l’annonce de la mort d’Ebru Timtik, de nombreux avocats français ont exprimé leur soutien à la défunte. «Qu’elle repose en paix après ce calvaire», a écrit Me Caroline Mecary. «En Turquie, on tue les avocats en prison», a quant à lui réagi Me Martin Pradel. «La vérité est qu’un avocat ne doit pas être confondu avec la cause de son client, qu’il a le droit de défendre qui il veut sans que cela lui soit reproché. La Turquie ne veut pas le comprendre», a publié de son côté Me David Lévy.