Son appel, co-signé par six autres partis de l’opposition, n’a guère mobilisé, avaient constaté des journalistes de l’AFP à Yaoundé et Douala. Mais le gouvernement avait, plusieurs jours avant, déployé un impressionnant dispositif de sécurité, et promis de réprimer ce qu’il qualifiait d'”insurrection” en vertu d’une loi antiterroriste.
La police a très violemment dispersé mardi le rassemblement de quelque 500 manifestants à Douala, la capitale économique, réclamant le départ de M. Biya, et arrêté ce jour-là des dizaines de personnes dans cette ville et à Yaoundé, au moindre début d’attroupement, dont huit journalistes.
Dans un entretien téléphonique avec l’AFP jeudi et vendredi soir, M. Kamto, 66 ans, célèbre avocat international, challenger de M. Biya à la présidentielle de 2018, emprisonné neuf mois en 2019 pour avoir contesté sa réélection déjà dans des “marches pacifiques”, assure aujourd’hui que l’appel de mardi n’est qu’un début mais qu’il est toujours disposé à dialoguer avec le chef de l’Etat.
L’AFP a constaté que son domicile de Yaoundé est encerclé par les forces de l’ordre depuis lundi mais le gouvernement, sollicité pour savoir si M. Kamto était ou non libre de ses mouvements, n’avait toujours pas répondu samedi matin.
Q – Vous n’étiez pas dans la rue mardi à l’occasion de votre appel à des “marches pacifiques”. Pourquoi ?
R – Parce que je ne pouvais pas (…) Jusqu’à présent (vendredi soir, ndlr), je suis bloqué chez moi avec ma maisonnée depuis cinq jours. Personne ne peut ni entrer ni sortir. Vendredi matin, le commissaire du VIe arrondissement qui couvre mon secteur a dit à ses éléments: vous prenez toute personne qui tente de sortir. Dans ces conditions, ni moi, ni personne dans ma résidence, n’a essayé de sortir. J’ignore moi-même quel est mon statut, car aucun acte ne m’a été signifié jusqu’à présent. Séquestration, placement sous blocus, détention extrajudiciaire, résidence surveillée… Je suis retenu contre mon gré.
Q – Vous vous êtes réjoui d’un “succès” de l’appel à des “marches pacifiques” mardi mais nombre d’observateurs ont constaté une faible mobilisation…
R – Les médias vont vite en besogne. Dans quel pays avez vous vu un tel déploiement de forces répressives une semaine avant les marches ? (…) Le dispositif, la militarisation des principales villes, parfois y compris des petites villes, a été en place avant, pendant et après. Et au moment où je vous parle, on continue d’arrêter les militants et sympathisants (…). Si s’exprimer c’est mettre un million de gens dans la rue pour qu’on comprenne que le peuple est mécontent, probablement ils ne verront jamais ça au Cameroun parce qu’il y a, dans notre pays, depuis avant les indépendances, une culture de la répression et nos forces de défense et de sécurité sont formées à cela. Mais il y a eu des milliers de manifestants (…) qui ont risqué leur vie pour leur liberté. On a tiré sur eux à Douala. Des gens sont brûlés, je ne sais pas par quoi. Actuellement, nous dénombrons 593 arrestations.
Q – Il y a quelques mois, vous étiez disposé à rencontrer M. Biya. Et aujourd’hui ?
R – Je reste dans le même état d’esprit. Je n’ai jamais cessé de tendre la main. Je suis toujours disposé à dialoguer. Je suis prêt. Nous sommes ouverts au dialogue. C’est une posture permanente. Nous avons toujours pensé, au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC, dont M. Kamto est le président, ndlr), dès son lancement en 2012, que seul le dialogue permet de régler les différends politiques (…). Il ne faut pas accepter qu’il y ait des débordements jusqu’à la violence. Dans un contexte de répression, de terreur, ceux qui ont marché mardi, comme lors de toutes nos précédentes marches, l’ont fait pacifiquement. Ce n’était pas une insurrection. On n’annonce pas une insurrection.
Le peuple camerounais s’est mis debout. Ce n’est pas une affaire de Maurice Kamto. Ce n’est pas une affaire d’un parti. C’est une affaire d’un peuple qui réalise que les perspectives sont sombres. Ils n’ont plus rien à offrir au Cameroun. Dans ces conditions, s’ils n’ont pas compris, s’ils ne créent pas les conditions d’une alternance, d’un changement pacifique, les Camerounais vont continuer de s’exprimer.
Propos recueillis au téléphone par Reinnier Kaze à Yaoundé et Emmanuel Giroud à Libreville
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COLLECTIF D’AVOCATS SYLVAIN SOUOP
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Ayant accepté la charge de la défense des intérêts des manifestants pacifiques du 22 septembre 2020 et de ceux des entités juridiques organisatrices, MRC & AUTRES ALLIES, avons pris connaissance du Communiqué gouvernemental du 25 septembre 2020, à travers lequel il est apparu que « la situation du leader du MRC fait (ou plus exactement ferait à notre insu) l’objet d’un examen attentif par les instances judiciaires compétentes »,
Informons l’opinion publique nationale et internationale, qu’une visite professionnelle conséquente du Collectif d’avocats soussigné au domicile du Pr Maurice KAMTO est programmée le Lundi 28 septembre 2020 de 14 h à 15 h en vue de la préparation de sa défense.
Suivra immédiatement un point de presse.
Fait à Yaoundé
Ce 27 septembre 2020.
Me Hippolyte B.T. MELI
P / Le Collectif d’avocats Sylvain SOUOP
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CAMEROUN: L’AVOCAT Me MELI EST ALLÉ CHEZ MAURICE KAMTO CE MATIN. IL LIVRE SON TÉMOIGNAGE
Je reviens de Santa Barbara,
Ce Dimanche 27 septembre 2020.
En mission inopinée prospective après celle d’hier confiée à un Confrère membre du Collectif dont je tais volontiers le nom.
Je suis allé prendre moi-même la mesure des barrières policières mixtes police gendarmerie, environs cinq (5), sur le rayon de 1km de la résidence du Pr KAMTO qui le mettent en isolément forcé.
La police ne m’a pas permis de m’y rapprocher.
Je voulais d’ailleurs seulement me faire une conviction personnelle sur les divers rapports déjà reçu.
A l’entrée du quartier, j’ai été stoppé par un Gendarme nerveux qui m’a demandé de me faire identifié, ce que j’ai fait.
Je lui ai demandé si le chemin qui mène à la résidence du Pr KAMTO n’était plus accessible.
Après contrôle de mon véhicule et celui de ma CNI, il m’a laissé passer.
Je me suis demandé comment vivent désormais ceux qui habitent ce quartier devenu un camp d’hommes armés.
Aux alentours de la résidence elle-même, j’ai aperçu un lance-eau ABRAHAM , aux couleurs de la Gendarmerie Nationale, des véhicules Hummer de la police (GMI), deux véhicules anti émeutes. il y avait des mouvements d’hommes en tenue, certainement de relève, ou autres choses, je ne sais pas, il était 8h27.
J’ai quitté les lieux, il était 9h 10.
A 9h 51, je suis informé qu’un responsable de la société de gardiennage qui fournit des gardiens à sa résidence est venu le matin, disant qu’il voulait faire la relève d’un de ses agents gardien au domicile. Il a discuté pendant près de 45 mn avec un Commissaire et un officier de la gendarmerie qui se tenaient devant le portillon.
Ceux-ci ont permis que sorte un des deux gardiens, Mr TAH NDAI Gabriel.
Ce gardien a été arrêté aussitôt !
Mais les responsables de la police et de la gendarmerie précités ont refusé de laisser entrer celui qui devait assurer la relève.
Me Hippolyte B.T. MELI
Collectif Me Sylvain SOUOP
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Le populisme pavlovien d’un “nègre” complexé et à la mémoire courte, qui prend ses propres inepties racistes, xénophobes et antisémites pour des vérités révélées…
Vidéo:
Un avocat Néerlando-américain peut parfaitement avoir des clients Camerounais et travailler de manière concertée avec ses confrères camerounais pour défendre des clients camerounais, face à une tyrannie qui ne respecte pas des principes élémentaires relatifs au Droit de la défense. Ce fut d’ailleurs le cas de Me Éric Dupond-Moretti (actuellement ministre de la Justice en France) pendant votre détention arbitraire il y a à peine un an, en parfaite concertation avec des confrères camerounais.
Le temps où la propagande officielle enfumait systématiquement les camerounais, au nom d’un patriotisme orienté, avec ce type de rhétorique xénophobe, raciste et antisémite est révolue. En effet certains d’entre-nous avons été contraints dans les années 2000 à nous attacher les services de grands ténors étrangers (Feu Me Paul Lombard dans mon cas) pour venir au secours de nos proches livrés à l’inquisition de juges aux ordres, devant l’impuissance des avocats locaux placés dans une quasi impossibilité de défendre efficacement leurs clients camerounais, en raison de pressions diverses et variées exercées par une dictature qui n’a que faire de la séparation des pouvoirs.
Quand on prétend agir au nom du Peuple du Cameroun, duquel on détiendrait un mandat voulu incontesté et incontestable (plus de 71% allégué à la dernière mascarade d’élection présidentielle), on n’use pas systématiquement de la force armée contre une population civile qui manifeste pacifiquement. Pas plus qu’on instrumentalise la justice de la république, les médiats d’État, et la haine ethno-tribale pour maintenir son principal opposant en résidence surveillée, sous un déploiement massif de forces armées jusqu’aux dents, lui déniant au passage le droit d’être défendu par le ou les conseils de son choix.
Jamais aux États-Unis d’Amérique, en Israël et même en Palestine vous avez vu un opposant subir un tel traitement, ou ses partisans réprimés parce qu’ils contestent la légitimité du détenteur du pouvoir central.
Pourquoi diantre voudriez-vous donc que ces États vous respectent? Au nom d’une culpabilisation raciale et ethnique en l’espèce usurpée, dont vous êtes simplement indigne de porter et de revendiquer du fait de votre conception essentiellement autoritaire et répressive de la gouvernance politique.
Dans un monde intégré, pour mériter le respect des autres, nous devons d’abord nous assurer que nos actes sont respectables.
JDE