Prisonniers politiques, État carcéral et Citoyenneté à Yaoundé
C’est de pire en pire. Le problème et la question des prisonniers politiques ont été tellement politisés au Cameroun, encore plus avec l’émergence d’une opposition frontale et son chef emblématique le professeur Maurice Kamto assigné à résidence depuis le 21 septembre 2020, au point que nos autocrates ont pratiquement oublié les bases civiques de leur prétendue “démocratie apaisée”, qui exposent en réalité toute leur hypocrisie et les abus intenables de leur régime sanguinaire.
Ils deviennent en effet de plus en plus néfastes et mettent en avant et au centre la question de la dégénérescence de l’État au Cameroun par des violences effrontées et la criminalisation des mouvements sociaux; puis ses implications sur la citoyenneté à travers ce qu’Achille Mbembe appelle les nécropolitiques qui font de la destruction des citoyens ordinaires leur obsession, jetant ceux-ci en pâturage à la moindre contestation afin d’offrir un spectacle de la répression permanente, tenir ainsi en laisse toute une population voulue alors pacifiée par la terreur permanente et le syndrome de Stockholm.
Les gens qui suivent la politique dans des endroits comme le Cameroun ne seraient même plus informés que le pays a une constitution avec des limitations et des contre-pouvoirs. En effet, au Cameroun, nous avons une démocratie exécutive de type administratif, plutôt qu’une démocratie participative couplée à un déficit de culture démocratique qui a préparé le terrain pour que le président inamovible règne en monarque absolu écrasant la séparation des pouvoirs inscrite dans la loi fondamentale.
Cette forme de pratique de la souveraineté s’accompagne de valeurs archaïques et traditionnelles où le président, en sa qualité de Nnom Ngui (Chef des chefs) autoproclamé, privatise littéralement tous les pouvoirs à travers des réseaux patrimoniaux et clientélistes. Cette privatisation du pouvoir d’État s’accompagne d’une perspective temporelle basée sur son immortalité obscène.
C’est tout le contraire d’une réelle démocratie, où la citoyenneté est codifiée autour de l’égalité des droits qui doit être fondée sur l’égalité du temps. Dans ce cas, l’immortalité obscène est d’abord une injustice temporelle qui facilite le chemin vers l’état d’exception, vers l’autoritarisme et un état carcéral qui limitent le temps dont les Camerounais ordinaires doivent jouir en vertu de la constitution. Par conséquent, il n’y a pas de démocratie lorsque les gens n’ont pas le temps de participer à des activités démocratiques comme le Pr. Kamto qui vit actuellement en résidence surveillée pour avoir voulu exercer ses droits constitutionnels en tant que chef de l’opposition réelle au régime dictatorial de Paul Biya.
En effet, les personnes qui s’opposent au régime de Yaoundé sont, ou perçues comme des anti-patriotes, ou de facto des ennemies de l’Etat (puisque l’État c’est Paul Biya dans l’acception du régime en place). Cela crée un état carcéral mettant en évidence un microcosme où l’opposition au régime signifie prison ou assignation d’office à résidence, voire mort programmée à petit feu et en silence. Cela a installé sur l’ensemble du pays une culture d’anxiété et d’incertitude généralisée qui met les Camerounais ordinaires sous beaucoup de stress.
Au CL2P, nous n’avons aucune complaisance envers les gens qui prennent les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.
Aussi attendons-nous des personnes qui se présentent comme des “Hommes d’État” en se prétendant comme des “modèles de démocrates” puis clamant régulièrement avoir remporté 70% du vote populaire …qu’elles respectent les principes civiques et de civilité de base.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Political Prisoners, the Carceral State and Citizenship in Yaounde
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It’s only getting worse. The problem and the question of political prisoners have been so politicized, even more, with the leader of the opposition, Prof. Maurice Kamto today under house arrest, to the point that our autocrats forget the civic bases of their so-called peaceful democracy which expose their hypocrisy and the untenable abuses of the Yaoundé regime which are becoming more and more harmful and putting forward and at the center the question of the degeneration of the state by brazen violence and the criminalization of social movements and its implications on citizenship through what Achille Mbembe calls the necropolitics which makes the destruction of ordinary citizens thrown to pasture as a first-rate spectacle for a population pacified by terror and Stockholm syndrome
People who follow politics in places like Cameroon would not even being made aware that the country has a constitutions with checks and balances. This is because, in Cameroon, we have an executive democracy rather than a participatory democracy coupled with a deficit of a democratic culture which set the stage for the president to rule as an absolute monarch crushing the separation of power written into the constitution.
That form of pratice of sovereignty comes with archaic and traditional values where the president, as the Nnom Ngui, privatizes power along patrimonial and clientelist networks. That privatization of power comes packaged with a temporal perspective based on obscene immortality.
In a democracy, however, citizenship is codifed around equal rights that must be based on equal time. In this case, obscene immortality is a temporal injustice that eases the path of the state of exception, authoritarianism and the carceral state which limit the time ordinary Cameroonians must enjoy under the constitution. Hence, there are no democracy when people do not have the time to participate in democratic activities as Pr. Kamto now living under house arrest for wanting to exercise his constitutional rights as leader of the opposition in Yaounde.
This is because, people who oppose the regime of Yaounde, or are perceived to do so, are de facto enemy of the state. This creates a carceral state highlighting a microcosm where opposition to the regime means prison or house arrest. Thus, a culture of anxiety and uncertainty that put ordinary Cameroonians under a lot of stress.
At the CL2P, we have no kindness for people who mistake God’s children for wild ducks. Thus, we expect people who claim to be Democrats and claim to have won 70% of the popular vote to respect basic civic and civilized principles.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P