Les Maquisards comme référence obsessionnelle à Yaoundé
Au CL2P, nous avons écrit à plusieurs reprises sur la généalogie et la déchéance de la figure de l’opposant et la délégitimation, la marginalisation puis la criminalisation consécutives de la politique oppositionnelle dans des endroits comme le Cameroun.
En effet si nous suivons les apparatchiks du régime de Yaoundé, le Cameroun a simplement réussi à se libérer des colonisateurs britanniques et français, sans même avoir à tirer un coup de feu. Une version officielle qui rend nulle et non advenue toute forme de politique oppositionnelle et met en avant la figure de la victime du maquisard plutôt que l’héroïque combattant de la liberté que furent en réalité les indépendantistes systématiquement assassinés. Depuis lors, toutes les oppositions ultérieures au régime tyrannique de Yaoundé sont toutes qualifiées de maquisards à posteriori.
Selon cette version officielle réécrite sur l’indépendance, les patriotes et les combattants de la liberté encartés à l’Union des Populations du Cameroun (UPC) étaient simplement des “sauvages assoiffés de sang” et déterminés à tuer des Camerounais innocents sans raison.
Par conséquent sous le régime camerounais en place depuis 1960, puisque le RDPC est la continuation de l’UNC d’Ahmadou Ahidjo, avec la représentation des patriotes et des combattants de la liberté de l’UPC comme des maquisards, ce concept de «maquisard» a brisé la mystique de la figure du héros et du résistant. Il était depuis pratiquement impossible de considérer la figure de l’adversaire politique comme une figure héroïque de la résistance. Parce que la figure de l’opposant a été de facto criminalisée à travers cette référence obsessionnelle de l’adversaire comme maquisard ou traître qui rend impossible cette figure du héros et du résistant dans une logique de contribution.
Il y a donc une impossibilité de compromis avec la figure de l’adversaire, puisque le régime et ses apparatchiks ne se voient que comme des victimes, et conçoivent toute figure de l’opposition comme maquisard.
C’est pourquoi le régime de Yaoundé est aujourd’hui une forteresse sécuritaire contre toutes les formes de politique oppositionnelle et totalement soumis à la peur d’être abattu par des hordes de maquisards (les manifestants et marcheurs du MRC). Dans ce contexte, des figures héroïques comme Um Nyobe, Ernest Ouandie, Félix Moumie, Abel Kingue sont mortes en vain et les figures actuelles de la politique oppositionnelle comme le Pr. Maurice Kamto et les prisonniers politiques reconnus par notre organisation sont noyées dans la fabrication victimaire du régime en place depuis 1960. Il y a donc une impossibilité pour le régime de Yaoundé de transiger avec son discours et sa posture victimaire. Ce n’est un secret pour personne que le “Nnôm Ngui” (Chef des chefs autoproclamé) Paul Biya est frustré que “ces gens“ n’aient jamais «expié» leurs crimes de lèse majesté et demandé la rédemption selon Wikileaks.
C’est précisément là que la mauvaise foi et la culpabilité s’institutionnalisent à Yaoundé.
Le CL2P situe la politique oppositionnelle à Yaoundé dans une logique de contribution, et c’est pourquoi nous appelons à la libération du Pr. Maurice Kamto et de tous les marcheurs camerounais épris de liberté du 22 septembre 2020.
Il faut en effet que cette séquestration à son domicile du principal opposant camerounais, Maurice Kamto, cesse immédiatement…C’est une honte planétaire, indigne d’un pays et singulièrement d’un pouvoir qui se targue d’avoir mis en place une “démocratie apaisée” au Cameroun…notamment de juger des civils devant des tribunaux militaires à la suite d’une marche interdite (assimilée à une incitation à l’insurrection), en violation y compris des lois Camerounaises.
Apparemment les dignitaires et partisans du régime de Paul Biya ne savent vraisemblablement pas ou ne comprennent absolument rien aux notions de démocratie et d’État de droit. Ou alors nous sommes en présence ici d’un affichage de pure forme à destination de la communauté internationale…C’est d’ailleurs une dimension qui n’échappe plus à aucun observateur de l’actualité camerounaise!
Parce que la démocratie ne saurait consister en un système généralisé de la terreur systématique, digne des pires périodes fascistes de l’histoire de l’humanité.
Pour les groupes de défense des droits de l’Homme et de la démocratie, tels que le CL2P, ces formes de politique d’opposition sont des processus naturels inévitables si on veut parvenir à un changement social, au développement puis à l’essor d’une démocratie réelle. Des évolution qui peuvent être freinées mais sont impossibles à arrêter.
C’est ce que le Dr Martin Luther King affirme quand il dit que l’arc de l’univers moral est long mais penche toujours inéluctablement vers la justice. Aussi, ces satrapes et leurs sycophants doivent enfin comprendre que ces formes de politique oppositionnelle ne tombent pas du ciel, ce ne sont pas des extraterrestres, des traîtres mais les conséquences directes d’une mal gouvernance chronique; donc une opposition légitime à ces satrapies prétendant être des démocraties.
C’est pourquoi il faut définitivement briser ce faux binaire entre de faux régimes démocratiques s’exposant sans aucune forme de conscience de soi, à cause des bruits énormes de leurs sycophants payés et trahissant, au contraire, sous le vernis cosmétique de la démocratie, des régimes répressifs vraiment obsédés uniquement par un délire pouvoiriste: ce sentiment profondément aliéné d’immortalité obscène face à une opposition légitime faisant laborieusement un vrai travail d’éveil démocratique des mentalités.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
The Maquisards as an obsessive reference in Yaoundé
At the CL2P, we have written several times on the genealogy and lapse of the opponent figure and the subsequent delegitimization, marginalization and criminalization of oppositional politics in places like Cameroon.
According to the apparatchicks of the Yaoundé regime, Cameroon simply succeeded in freeing itself from the British and French colonizers without even having to fire a shot. An official version which renders any form of oppositional politics null and void and puts forward the figure of the victim of the maquisard rather than the heroic freedom fighter. In addition, any subsequent opposition to the Yaoundé regime, all qualified as guerrillas a posteriori.
According to this official version, therefore, the patriots and the freedom fighters of the Union of the populations of Cameroon-UPC- were simply described as bloodthirsty savages determined to kill innocent Cameroonians for no reason.
Since then, the Cameroonian regime, in place since 1960, given that the CPDM is the continuation of the CNU of Ahmadou Ahidjo, the depiction of the UPC’s patriots and freedom fighters as maquisards, the concept of the “maquisard” broke the mystic of the figure of the hero and the resistant. It made it impossible to consider the figure of the opponent as the heroic figure of resistance. The figure of the opponent was de facto criminalized since this obsessional reference of the opponent as the maquisard or the traitor make it impossible that figure within a logic of contribution.
Thus, there is an impossibility to compromise with the figure of the opponent since they see themselves only as victims and all figure of opposition as maquisard.
This is why the regime of Yaounde is now a fortress against all forms of oppositional politics and completely subjected of the fear of being taken down by hordes of maquisards. Within this context, heroic figures such as Um Nyobe, Ernest Ouandie, Felix Moumie, Abel Kingue died in vain and the sunsequent figures of oppositional politics such as Pr. Maurica Kamto and the political prisonners recognized by our organization are drown into the regime’s manufacture. There is, therefore, an impossibility for the regime of Yaounde to compromise with its discourse and posture of the figure of the victim. It is no secret that the Nnom Ngui is frustrated that these people have never “atone” for their crimes and ask for redemption according to Wikileaks. This is where bad faith and guilt become institutionalized in Yaounde.
The CL2P understands oppositional politics in Yaounde within a logic of contribution and this is why we are calling for the liberation of Pr. Maurice Kamto and the liberation of all the freedom loving Cameroonians marcheurs of september 22, 2020 in Cameroon detained
This sequestration at his home of the main Cameroonian opponent, Maurice Kamto, must end immediately …
It is a planetary disgrace, unworthy of a country and particularly of a power which prides itself on having set up a “peaceful democracy” in Cameroon … in particular to judge civilians before military courts following ‘a prohibited march (assimilated to incitement to insurrection), in violation of Cameroonian laws.
Apparently its dignitaries and supporters probably do not know or understand absolutely nothing about the concepts of democracy and the rule of law. Or we are here in the presence of a lip service intended for the international community … It is a dimension that no longer escapes any observer of Cameroonian news!
Because democracy cannot consist of a generalized system of systematic terror, worthy of the worst fascist periods in human history.
For human rights and democracy advocacy groups, such as the CL2P, these forms of oppositional politics are inevitable natural processes of social change, development and democracy that cannot be simply stopped.
This is what Dr Martin Luther King claims that the arc of the moral universe is long but it bends towards justice. Consequently, these forms of oppositional politics do not fall from the sky, they are not aliens, traitors but the direct consequences and legitimate opposition to these satrapies pretending to be democracies. Therefore, we must break this false binary between fake democratic regimes exposing themselves, without any forms of self awareness, and because of the tremendous noises of their paid sycophants betraying, instead, under the cosmetic veneer of democracy, repressives regimes really obsessed with only their delirious and profoundly alienated sense of obscene immortality and a legitimate opposition doing real democratic work.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P