La violence semble avoir pris ses quartiers au Cameroun, durablement et dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, ce sont des images d’avocats arrêtés par la police dans un tribunal qui interrogent sur les méthodes du pouvoir en place. Le 4 novembre dernier, le gouvernement annonçait l’enlèvement d’enseignants dans la partie anglophone du pays et l’attaque de quatre écoles. Fin octobre, des images insoutenables montraient l’horreur d’une tuerie à la machette d’enfants dans une école du sud-ouest du pays. En septembre, c’est l’opposition qui tentait en vain de mobiliser la population car la police occupait toute la capitale de Yaoundé. Le Cameroun, ce sont encore des pressions sur le principal opposant, Maurice Kamto, assigné à résidence depuis deux mois, c’est à dire depuis la mobilisation de toute l’opposition du 22 septembre dernier.
Le pays est attaqué de toutes parts
Le pays s’enfonce, confronté à différents problèmes. Le Cameroun est en effet attaqué de toutes parts : dans le nord par Boko Haram, un groupe qui a fait allégeance à l’État islamique qui terrorise la population. Tueries, enlèvements : le groupe djihadiste multiplie ses actions dans cette zone majoritairement musulmane. Au nord-ouest et sud-ouest, c’est à dire dans la partie anglophone du Cameroun, des groupes se battent pour obtenir leur indépendance. Cette guerre qui oppose séparatistes et gouvernement central dure depuis maintenant trois ans est redoutable et à l’origine de nombreux massacres. Enfin dernier élément pour expliquer la situation : la crise politique qui touche le pays. Suivant les points de vue, on parle du Cameroun soit comme d’un régime autoritaire, soit comme d’une dictature conviviale. Le pays est dirigé depuis maintenant 38 ans par Paul Biya, arrivé au pouvoir en novembre 1982 et qui tient depuis le pays sans partage.
La France reste discrète
Le Cameroun s’enfonce et cela sans grande réaction de la France qui reste assez discrète. Alors pour être tout à fait objectif, Emmanuel Macron a haussé le ton en début d’année après un nouveau massacre dans l’ouest du pays. Mais il faut savoir que la France est le premier investisseur étranger du pays, que la France vend des armes, et que comme souvent il est plus simple de s’appuyer sur un régime que l’on connaît et qui garantit une certaine stabilité régionale. Pour preuve, le communiqué du 24 juillet dernier du quai d’Orsay qui expliquait réaffirmer son soutien et sa solidarité aux autorités camerounaises dans sa lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad.
Nathanaël Charbonnier franceinfo Radio France