Deux avocats, dont un membre du parti du leader de l’opposition au président camerounais Paul Biya, ont été condamnés lundi à six mois de prison avec sursis pour “dégradation de biens publics” et “rébellion”, a constaté un journaliste de l’AFP.
“Les avocats sont en ce moment en train d’essayer d’obtenir l’extrait du plumitif (jugement rendu par le tribunal, NDLR), s’ils l’obtiennent, l’on pourra poursuivre les formalités pour qu’ils soient effectivement libres”, a déclaré à l’AFP Me Claire Atangana-Bikouna, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun.
Richard Tamfu et Armel Tchuemegne avaient été arrêtés mercredi à Douala, la capitale économique du Cameroun, à la suite d’échauffourées, le 10 novembre, dans un tribunal où les policiers étaient intervenus violemment pour déloger des avocats manifestant pour la libération de deux des leurs.
Plusieurs avocats avaient été blessés au cours de cette intervention musclée de la police.
Richard Tamfu et Armel Tchuemegne ont également écopé d’une amende de 100.000 francs CFA (environ 150 euros).
Me Tamfu est un membre actif du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), l’un des principaux partis d’opposition. Les cadres et militants du MRC sont régulièrement la cible d’arrestations et de procès depuis que leur leader, Maurice Kamto, arrivé en deuxième position, conteste la réélection de M. Biya en 2018.
M. Kamto lui-même, et des dizaines de membres du MRC, avaient passé neuf mois en prison sans être jugés en 2019 après avoir manifesté pacifiquement contre la réélection de M. Biya, 87 ans, dont 38 à diriger le Cameroun d’une main de fer. Ils avaient été remis en liberté après d’intenses pressions internationales.
Lors de leur procès devant un tribunal de Douala, les deux avocats ont plaidé “non coupable”, mais se sont abstenus de reprendre la parole pour se défendre.
Les deux avocats devraient recouvrer la liberté à la suite de cette sentence, mais ce n’était pas encore le cas lundi soir.
Le conseil de l’Ordre des avocats a appelé, en soutien à leurs confrères, à une grève et à la suspension “sur toute l’étendue du territoire national le port de la robe du 30 novembre au 4 décembre”, a annoncé samedi l’ordre dans un communiqué.
Yaoundé, Cameroun | AFP | lundi 23/11/2020
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LE PROCÈS DE LA HONTE
MAÎTRES TAMFU ET TCHUEMENGNE LIBRES !
Appelée à l’audience de ce jour, l’affaire qui opposait nos confrères contre le ministère public a été vidée.
Nos confrères sont libres, sans qu’ils aient eu à se défendre ou à constituer Avocat.
Même le Conseil de l’ordre dont 04 membres étaient présents dans la salle, n’a pas constitué Avocat pour la défense de nos confrères comme il est de notre tradition.
Ils ont pratiqué ce qu’on appelle la défense de rupture que nous recommandons d’ailleurs la pratique face à cette justice sans indépendance.
Nos confrères ont décidé en solidarité avec l’ordre des Avocats de ne pas participer à l’instrumentalisation de la justice.
Face à leur silence devant la barre, le tribunal s’est retiré et est venue lire timidement une décision de condamnation de 06 mois avec sursis et 28.000 Francs de dépens .
Quelle honte !
Ce jugement illustre en lui- même le caractère peu sérieux des accusations portées contre nos confrères.
Nous considérons que le principe de cette condamnation de principe est une autre provocation qui doit conforter le maintien de nos postures et mot d’ordre de suspension de robes.
Christian Ntimbane Bomo
Avocat au Barreau du Cameroun
Société Civile Critique.