Des manifestations s’enchaînent dans la capitale du Congo pour protester contre un éventuel maintien du président Sassou-Nguesso.
Des jets de pierres et des tirs de grenades lacrymogènes rythmaient les rixes sporadiques entre manifestants et policiers qui émaillaient mercredi la périphérie sud de Brazzaville. «Dans le quartier de Makélékélé, les gens sont terrés chez eux. Il y a des tirs partout. Les protestataires font des barricades», racontait un habitant, qui dit avoir vu dans la matinée de «nombreuses personnes fuir leurs maisons».
La veille, la capitale congolaise avait déjà été le théâtre de violents affrontements entre ces mêmes forces de l’ordre et des militants de l’opposition faisant au moins quatre morts et sept blessés, un bilan officiel contesté par des observateurs. «Il y a sans doute plus de victimes. Les heurts ont été vifs et au moins deux commissariats ont été attaqués. La violence de la police est démesurée et, désormais, on ne sait pas où va le pays», s’inquiète Roch Euloge Nzobo, président de l’ONG le Cercle des droits de l’homme.
L’organisation le 25 octobre par le gouvernement d’un référendum en vue de changer la loi fondamentale a cruellement avivé les rivalités politiques et fait renaître les peurs enfouies depuis la fin de la guerre civile en 1999. Le scrutin est qualifié de «coup d’État constitutionnel» par les partis d’opposition, qui menacent de ne plus reconnaître la légitimité du président Denis Sassou-Nguesso. «Il est clair que le but de ce changement de Constitution est seulement de permettre à Sassou de se représenter à la présidentielle. Le reste, c’est du vent», affirme Charles Zacharie Bowao, un ancien ministre de la Défense devenu opposant.
Les SMS, Internet et l’antenne locale de RFI ont été coupés
Cumulant plus de trente ans de pouvoir, le président Sassou-Nguesso, bientôt 72 ans, déjà élu en 2002 puis réélu en 2009, voyait en effet son avenir politique doublement s’obscurcir. La loi congolaise limite à deux le nombre des mandats présidentiels et à 70 ans l’âge des candidats. «Cette histoire de candidature n’est pas la question. Il s’agit simplement pour le Congo de retrouver le régime semi-présidentiel qui a toujours été le sien», argue de son côté Thierry Lezin Mougalla, le porte-parole du gouvernement, qui peine à convaincre.
Le processus semble avoir été pensé à la hâte, la date du référendum n’ayant été fixée que le 5 octobre et le texte publié seulement le 13 par… Radio France internationale (RFI). «Tout a été fait dans les règles», assure pourtant le porte-parole. Signe d’une certaine nervosité du pouvoir alors que l’heure du vote approche, les SMS, Internet ainsi que l’antenne locale de RFI ont été coupés depuis deux jours à Brazzaville. Cette suppression, présentée comme des «problèmes techniques» par le gouvernement, vise, selon Roch Euloge Nzobo, à «empêcher les informations de circuler». La décision de recourir aux urnes a suscité une large contestation de partis politiques d’opposition, d’ONG, mais aussi d’une frange du PCT, le parti au pouvoir.
Des meetings interdits et des opposants arrêtés
Ce mouvement semble gagner des soutiens. Les meetings de Brazzaville, annoncés avec le slogan «Sassoufit» pour appeler à voter non à la consultation, ont été interdits. Selon le Frocad, une coalition d’opposition, six de ses cadres auraient été arrêtés mercredi.
Ces derniers mois, les velléités de s’accrocher au pouvoir des présidents burkinabé et burundais ont entraîné dans ces deux pays de vastes troubles. La communauté internationale s’inquiète donc de voir le Congo plonger à son tour, tout en rechignant à fermement condamner Sassou-Nguessou. Sarah Sewall, la sous-secrétaire d’État américaine à la Société civile, a certes qualifié de «profondément inquiétante» l’organisation d’un vote sur une Constitution «rédigée à huis clos». Mais l’Union africaine est muette, et la France, même si François Hollande avait appelé au respect des textes constitutionnels en novembre dernier, reste timide.
Source : Le Figaro
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FOURBERIE FRANÇAISE VERSUS PRAGMATISME AMÉRICAIN???
“On the Congo, the United States strongly condemns today’s violence in the Republic of Congo and urges all parties to immediately exercise restraint. So far there are two confirmed deaths, reports of more, and dozens of injured. We strongly encourage opposing sides to come together in dialogue to defuse the situation and to seek true consensus on a way to move forward without further bloodshed. The violence broke out during opposition protests against a proposed 25th October constitutional referendum that would overcome immutable terms, term limits, and allow the incumbent, President Sassou, to stand for another term. As before, we believe peaceful, free, AND TRANSPARENT TRANSFERS OF POWER RESPECTING EXISTING TERM LIMITS are essential to democratic development and long-term stability. We call on President Sassou to postpone the referendum, to defuse the current situation, and allow for dialogue and discussion”.
La position d’Hollande sur le référendum fait polémique
Par RFI
Au Congo-Brazzaville, la mobilisation des opposants au référendum continue. Si le « oui » l’emporte dimanche, il permettrait au président Denis Sassou-Nguesso de briguer un troisième mandat. Mercredi, après deux jours de mobilisation et alors que de nouveaux affrontements ont eu lieu à Brazzaville, le président français, François Hollande, s’est adressé à son homologue congolais.
C’est lors d’une conférence de presse hier, à l’Elysée, que François Hollande a donné la position de la France concernant le référendum constitutionnel du 25 octobre. Le chef de l’Etat français dit respecter le choix du président Denis Sassou-Nguesso de consulter les Congolais. « Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit, et le peuple doit répondre », a répondu le chef de l’Etat français, pour immédiatement ajouter : « Ensuite, une fois que le peuple aura été consulté, cela vaut d’ailleurs pour tous les chefs d’Etat de la planète, il faut toujours veiller à rassembler, et à respecter et à apaiser. »
Une position que dénonce l’association Survie qui demande une condamnation ferme et des mesures concrètes à l’encontre des autorités congolaises. « En faisant ça, la France réaffirme son soutien à Denis Sassou-Nguesso en vertu de la préservation d’autres intérêts, des intérêts économiques, stratégiques, alors même qu’en ce moment des Congolais meurent sous les balles du régime », estime Thomas Noirot, membre de l’association en charge du Congo-Brazzaville.
Depuis le début de la mobilisation, quatre personnes ont été tuées dans des violences à Brazzaville et à Pointe-Noire d’après les autorités. L’opposition, elle, dénombre une vingtaine de morts et dénonce l’utilisation d’armes létales pour réprimer les manifestations.
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quelques photos insoutenables des victimes de la sanglante et meurtrière répression des manifestants contre le référendum constitutionnel décrété dimanche prochain par le Président Dénis Sassou Nguesso.