Le Collectif contre l’islamophobie en France prend les devants sur le gouvernement en annonçant sa dissolution
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait déclaré la semaine dernière avoir notifié à ses responsables la dissolution de ce collectif d’aide et de défense des musulmans.
Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a annoncé, vendredi 27 novembre, sur son site internet s’être dissous et avoir redéployé des activités à l’étranger, face à la menace de sa prochaine dissolution par le gouvernement.
Dès le 29 octobre, le conseil d’administration du CCIF « a prononcé la dissolution volontaire » du collectif, et redéployé « une large partie de ses activités à l’étranger », explique le CCIF. « Les actifs de notre association ont été transférés à des associations partenaires qui se chargeront de prendre le relais de la lutte contre l’islamophobie à l’échelle européenne », ajoute-t-il.
En conséquence, « la notification de dissolution reçue le 19 novembre a été sans objet, puisque le CCIF n’existe plus en tant que structure ». Il ajoute que ses « outils de communication » seront fermés dans moins de vingt-quatre heures, et qu’il ne sera plus actif désormais que pour achever cette liquidation et « clôturer ou transférer ses dossiers en cours ».
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait déclaré la semaine dernière avoir notifié à ses responsables la dissolution de ce collectif d’aide et de défense des musulmans, qu’il a accusé, après l’assassinat de Samuel Paty, d’être une « officine islamiste contre la République ». Des accusations rejetées en bloc par le CCIF.
La mosquée de Pantin fermée
A travers une série de messages publiés cette semaine sur Twitter, le CCIF estime avoir « répondu aux différents griefs qui [lui] sont reprochés dans la notification de dissolution », et « démontré qu’elle se basait sur des éléments infondés, biaisés ou mensongers ». « Pire : il nous est globalement reproché de faire notre travail juridique, d’appliquer le droit et d’exiger son application lorsque celui-ci est remis en cause », dénonce-t-il.
Après que le gouvernement a annoncé vouloir le dissoudre, le Collectif contre l’islamophobie en France avait estimé qu’une telle mesure adresserait « un message terrible aux citoyens de confession musulmane : “vous n’avez pas le droit de défendre vos droits” ».
Depuis la décapitation de Samuel Paty par un jeune Tchétchène de 18 ans radicalisé, le gouvernement a dissous l’ONG humanitaire BarakaCity, accusée de « propager des idées prônant l’islam radical » et le collectif Cheik Yassine, après la mise en cause de son président Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour « complicité d’attentat terroriste ».
Le gouvernement a également ordonné la fermeture administrative pour six mois de la mosquée de Pantin, au motif qu’elle avait relayé une vidéo dénonçant le cours de Samuel Paty sur la liberté d’expression au cours duquel il avait montré des caricatures de Mahomet.
Le Monde avec AFP