Par Michel Biem Tong, journaliste web en exil
Un cadeau de Noël pour le peuple du Southern Cameroons (Nord-Ouest & Sud-Ouest) meurtri? Pourquoi pas ! Ce 24 décembre 2020 sur ABC Amba TV, la chaîne de télévision proche des indépendantistes anglophones, des avocats proches du mouvement indépendantiste anglophone ont annoncé qu’une plainte a été réceptionnée par le bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI). D’après les explications de Me Fru John Nsoh, l’un de ces avocats, les crimes visés dans la plainte vont du crime de guerre au crime contre l’humanité en passant par l’enlèvement et le génocide.
Selon Me John Nsoh, plusieurs massacres survenus dans le Southern Cameroons depuis le déclenchement du conflit anglophone en décembre 2017 ont été énumérés dans la plainte déposée à la CPI tels que le massacre de Bali, le massacre de Menka Pinying, le massacre de Ngarbuh et même le tout récent massacre de 7 élèves à Kumba. L’on a également appris des avocats ambazoniens que 93 personnes sont visées par la plainte réceptionnée par la CPI. Il s’agit de personnalités politiques et militaires camerounaises de hauts rangs en tête desquelles se trouvent le chef de l’Etat, Paul Biya. Des hommes de média sont également visés par la plainte tels que Jean Pierre Amougou Belinga et Ernest Obama, respectivement président-directeur général du groupe de presse l’Anecdote et ex-directeur général de la chaîne de télévision privée pro-Biya Vision 4 (produit du groupe l’Anecdote).
Le président de la République du Nigeria voisin, Muhammadu Buhari est également cité dans la plainte du fait de la récurrence des enlèvements et déportations de réfugiés anglophones au Cameroun par les services secrets et la police nigérians. Parmi ces réfugiés se trouvent les 10 leaders indépendantistes anglophones, dont Sisiku Ayuk Tabe, enlevés le 5 janvier 2018 à Abuja au Nigéria et déportés en catimini vers le Cameroun deux semaines plus tard.
Le Cameroun n’ayant pas ratifié le Statut de Rome du 17 juillet 1998 qui fonde la CPI, seul le Conseil de Sécurité de l’ONU (9/16 membres permanents et non-permanents) peut saisir la Cour pour donner suite à cette plainte. Il s’agit cependant de signes qui ne trompent pas et que les “saigneurs de guerre” qui alimentent les massacres et les tueries sur des civils sans défense dans le Southern Cameroons seront effectivement traînés devant la CPI ou d’autres juridictions, surtout que les avocats ambazoniens ont annoncé d’autres plaintes pour les infractions susvisées auprès des juridictions à compétence universelle en Europe, aux USA et au Canada. Rien à faire, l’étau se resserre autour du régime Biya!
Michel Biem Tong, journaliste web en exil