Le pouvoir chinois a confirmé, jeudi 31 décembre, détenir pour « terrorisme » Gulshan Abbas, une médecin ouïgoure, disparue en détention il y a deux ans. Sa famille aux Etats-Unis venait d’annoncer, la veille, qu’elle avait été condamnée à vingt ans de prison en Chine.
Une information que le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Wang Wenbin, a confirmée en ces mots : « Gulshan Abbas a été condamnée en vertu de la loi par les organes judiciaires chinois pour avoir participé au terrorisme organisé, aidé des activités terroristes et sérieusement porté atteinte à l’ordre social. » Selon sa famille, c’est son activisme en faveur de la cause ouïgoure qui serait à l’origine de sa condamnation.
Comme un avertissement aux dénonciations régulières dont Pékin fait l’objet sur la scène internationale concernant cette communauté musulmane, il a ajouté : « Nous appelons les politiciens américains à respecter les faits, à arrêter de fabriquer des mensonges diffamant la Chine et à s’abstenir d’utiliser la question du Xinjiang [province chinoise dont sont originaires les Ouïgours] pour s’ingérer dans les affaires de la Chine. »
Un traité d’extradition qui inquiète
Le gouvernement chinois a ratifié, samedi 26 décembre, un traité d’extradition avec la Turquie pensant l’utiliser pour accélérer le retour d’Ouïgours exilés dans le pays et soupçonnés de « terrorisme » en Chine. Si la Turquie n’a pas ratifié le traité et a assuré qu’elle ne renverrait pas d’Ouïgours en Chine, l’annonce chinoise a suscité une grande inquiétude parmi les membres de cette communauté musulmane, persécutée dans leur pays.
Lire aussi En Turquie, le traité d’extradition entre Pékin et Ankara inquiète la communauté ouïgoure
Des organisations de défense des droits humains accusent Pékin d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation » que la Chine veut appeler « centres de formation professionnelle ».
Selon le témoignage de la sœur de la médecin, Rushan Abbas, Gulshan Abbas, qui parle le mandarin couramment, avait été arrêtée en septembre 2018.
Le Monde avec AFP