Une presse locale aux ordres et grassement entretenue par certains caciques du régime de Yaoundé et des milliardaires du Laakam, dictent depuis quelques semaines au président camerounais Paul Biya ; la mise aux arrêts de l’ex-ministre Essimi Menye. Alwihdainfo a mené l’enquête.
L’affaire a l’air d’une cabale médiatique bien huilée. Depuis sa sortie du gouvernement le 02 octobre 2015, Essimi Menye est au devant de l’actualité. Mardi, pas moins d’une demi-dizaine de la presse locale n’a pas manqué de faire une fois de plus, la « Une » sur l’ancien ministre des finances et ex-ministre de l’agriculture et du développement rural. Des titres tendancieux incitant le président camerounais, à ordonner l’arrestation de celui là qui avait permis à son pays d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE, le recensement des industries du Cameroun avant de se voir confier la collecte de l’information auprès des entreprises industrielles du pays. Mardi, comme dans une dictée dirigée, « La Nouvelle Presse », « La Météo », « Sans Détour » et bien d’autres ont annoncé qu’ « Essimi Menye au Tcs ce mardi ».Ces journaux locaux n’ont pas hésité à annoncé que « l’ancien ministre pourra directement être conduit en prison ». A l’heure où nous écrivions ces lignes, personne n’a confirmé le passage d’Essimi Menye au Tribunal Criminel Spécial mardi.
Une source proche de l’ex-minader nous a d’ailleurs confié qu’ « aucune convocation n’a été signifié à Essimi Menye ». La vérité ? C’est que l’ex-ministre camerounais de l’agriculture est gravement malade avant même son limogeage du gouvernement, le 02 octobre 2015. En fait, Essimi Menye, alors ministre de l’agriculture et du développement rural avait été victime d’un accident de travail deux semaines avant sa sortie du gouvernement. Le Minader d’alors parcourait à pied, des dizaines de kilomètres de bananeraies dans le sud-ouest du pays au moment où il s’est foulé le pied. D’après nos sources généralement bien informées : «Plus tard, sa situation s’est aggravée. Les médecins de l’hôpital de la caisse national de prévoyance sociale à yaoundé, suggèrent d’ailleurs son évacuation sanitaire ».
Pour comprendre l’acharnement d’une certaine presse camerounaise
Pour ceux qu’hier, voulaient distraire les fonds publics et ne sont parvenus à leur objectif, ceux là n’hésitent pas à accuser aujourd’hui à tord, l’ancien ministre des finances ; qu’il : « jouait davantage du frein pour faire redorer du blason du ministère des finances ». Parmi eux, les débiteurs d’Amity Bank qui soulignent que : « lorsque Essimi Menye ne manifestait pas un certain laxisme anesthésiant dans la gestion ministériel, il se montrait plutôt insoumis aux différentes injonctions de sa hiérarchie ou prétentieux devant les députés ». Voilà donc pourquoi ce natif de Mfomakap, en territoire Eton près de la capitale politique camerounaise, subit à tord, les foudres des hommes d’affaires camerounais et des pontes du régime Biya, déterminés qu’ils sont, à avoir la peau de celui là qui leur a empêché d’éventrer les caisses de l’État.
Le Laakam dans le coup !
On se rappelle qu’en 2011, le tout puissant lobby des hommes d’affaires de la région de l’Ouest Cameroun, avec à sa tête le milliardaire Victor Fotso, par ailleurs père l’ex-DG Yves Michel Fotso aujourd’hui dans les mailles de la justice camerounaise, avait saisi le président Paul Biya, pour exiger le départ d’Essimi Menye , du ministère des Finances. Les « bamiléké » accusaient Essimi Menyé de tribalisme à l’endroit des ressortissants de l’Ouest Cameroun dans sa gestion du Ministère des finances.
Pour les observateurs de la scène politique camerounaise : « L’on comprend donc à suffisance, la hargne destructrice d’une presse à la fois manipulée et financièrement entretenue qui sert de bras séculier à un gang de vautours tapis dans l’ombre et qui s’agite pour pousser le président Biya à la bêtise ». Le président Biya ne va-t-il pas fléchir face aux cris de cette presse aux ordres, surtout, lorsqu’il peut lire dans les colonnes de ces organes de presse que : « Essimi Menye est un pion du G11 » ? Certains organes vont jusqu’à attribuer à Essimi Menye, des liens particuliers avec Jean Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général de la présidence de la république camerounaise, présenté par ses détracteurs comme le gourou de la nébuleuse G11.
Un technocrate qui fait pourtant l’unanimité
Insoumis pour certains, laxiste pour d’autres, personne ne conteste les bons points engrangés par l’ancien ministre Essimi Menye , lors de ses passages à la tête du ministère camerounais des finances et au ministère de l’agriculture et du développement rural. D’ailleurs, plusieurs analystes politiques voire économiques indiquent que :« les atouts dont dispose l’ex-ministre des Finances , de l’agriculture et du Développement rural ne lui ont pas permis d’aller au bout de ses missions dans différents strapontins ministériels… ».
Entrée au gouvernement le 22 septembre 2006, ce titulaire de deux DEA en économie de la production à l’université de Paris Dauphine et un DEA en économie à l’Institut des sciences et Techniques nucléaires de Saclay fait aujourd’hui l’objet de plusieurs procès d’intention tels que : l’instauration de la vignette sur des produits manufacturés, la fermeture des banques appartenant aux lobbies bamiléké ; la faillite de la Camair-co gérée par le fils du milliardaire de Bandjoun Yves Michel Fotso etc.
Coup d’arrêt au projet de mise en examen de M. Essimi Menye
Selon une enquête publiée par le très sérieux hebdomadaire camerounais : “Repères” : le Président de la République a mis un coup d’arrêt au projet de mise en examen de M. Essimi Menye. M. Paul Biya a piqué une colère lorsqu’il a reçu une énième requête du ministre d’État, ministre de la Justice, garde des Sceaux (Minjustice) sollicitant l’autorisation présidentielle pour enclencher des poursuites judiciaires contre le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader).
D’après les mêmes sources, le Minjustice en était à sa troisième tentative de convaincre le Chef de l’État, lorsqu’il a eu le don de provoquer l’ire présidentielle. Des indiscrétions recueillies à la présidence de la république laissent entendre que M. Laurent Esso a cru devoir revenir à la charge «sans qu’aucun élément nouveau ou accablant n’ait alourdi le cas Essimi Menye pour pouvoir justifier sa démarche».
Selon « Repères », : « Un fin connaisseur des dossiers et des coulisses du palais de l’unité rapporte sous anonymat que M. Laurent Esso a au moins fait montre d’une obsession à se faire payer la tête de son collègue. La présidence de la République s’en serait d’ailleurs rendu compte à travers ce que d’aucuns considèrent comme l’instrumentalisation de la Commission nationale anti-corruption (Conac). La dérive résiderait au niveau de la violation des procédures. Saisi au même moment que le ministère de la Justice sur des actes de corruption présumée de l’ex-ministre des Finances à travers des dénonciations anonymes, la Conac s’est empressée de recommander au Tribunal criminel spécial (Tcs) d’ouvrir une procédure judiciaire contre l’intéressé du fait de la gravité des faits allégués.
Pourtant, au sein de l’institution, des sources internes s’indignent du traitement arbitraire du «dossier Essimi Menye». En dépit de sa sensibilité, le dossier n’a pas fait l’objet d’une quelconque enquête avant d’être transmis au Tcs. Toujours est-il que le procureur général du Tcs s’en serait à son tour ouvert à la chancellerie. Selon « Repères » : « L’affaire Essimi Menye prend forme au mois d’avril 2013. Une curieuse note confidentielle de deux pages ficelée par des mains obscures formule des accusations de «détournement de deniers publics à la Trésorerie générale de Douala» contre M.Essimi Menye. Les faits remontent du temps où il était ministre des Finances ». Selon le journal de feu Richard Touna :« La structure a fait au cours de ces dernières années, l’objet d’importants détournements de fonds publics, dont le montant avoisinerait 5 milliards de FCFA», renseigne le rapport dont la presse se fera l’écho au mois d’août 2013.
© Alwihda Info : Nestor Nga Etoga