L’Organisation Non Gouvernementale Waraba Afrique ne baisse pas les bras. Treize ans après les émeutes meurtrières qui ont secoué le Cameroun, les 25, 26, 27 et 28 février 2008, l’ONG basée à Paris en France, exige que justice soit rendue aux familles des personnes tuées au cours des manifestations organisées pour protester contre la hausse des prix du carburant et des produits de première nécessité et contre le projet de modification de la Constitution permettant de faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels.
Dans un communiqué publié à Paris, le 23 février 2021, et relayé dans les colonnes du journal Le Messager édition du 26 février 2021, l’ONG panafricaine «s’associe aux hommages rendus aux héros et martyrs, notamment des jeunes, qui ont succombé, tués par les forces de l’ordre, tout simplement parce qu’ils se sont révoltés contre la réforme constitutionnelle qui permet à Paul Biya de rempiler pour un nouveau mandat».
«13 ans après ce vaste mouvement pour un changement politique et contre la pauvreté au Cameroun, notre organisation panafricaine constate la persistance et l’aggravation des injustices, de la précarité, de l’exclusion sociale d’une écrasante majorité de la population et l’inquiétant déficit démocratique qui menace sérieusement et en permanence les libertés publiques et empêche les familles des victimes de ces crimes d’obtenir justice», indique le document.
Selon Me Saïd Larifou, président de l’ONG Waraba Afrique, l’impunité dont jouissent les responsables des massacres de février 2008 est l’une des sources de la persistance de l’arbitraire et d’autres formes de crimes encore plus graves au Cameroun. «C’est pourquoi, notre organisation entend relancer la Cour Pénale internationale (Cpi) pour demander l’ouverture d’une enquête internationale et indépendante chargée d’établir les faits, les circonstances et les responsabilités de ces drames… Durant plusieurs années, différents organes des Nations unies (Conseil des droits de l’Homme, Comité contre la torture, Comité des droits de l’Homme) se sont inquiétés de cette impunité. Les autorités camerounaises ont, à chaque fois, affirmé que les forces de l’ordre avaient agi en état de «légitime défense» face à des personnes qui s’étaient «procuré des armes de guerre en attaquant les unités de police et de gendarmerie». Bien que demandé à plusieurs reprises, le rapport administratif des autorités camerounaises sur le sujet n’a jamais été transmis aux Nations Unies ni rendu public», soutient Me Saïd Larifou.
«Ces événements sont passés relativement inaperçus sur la scène médiatique internationale. Face au silence complaisant de la communauté internationale et à l’absence de pressions, les autorités camerounaises n’ont entrepris aucune enquête indépendante et impartiale afin d’établir la vérité sur ces quatre journées de violences. Aucun élément des forces de sécurité suspecté d’avoir commis de graves violations des droits de l’homme n’a fait l’objet de sanctions ni de poursuites judiciaires en dix ans», dénonce pour sa part Clément Boursin, responsable Afrique de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture).
Pour rappel, les manifestations des 25, 26, 27 et 28 février 2008, ont fait 40 morts selon le gouvernement, alors que des associations de défense des droits de l’homme parlent de plus de 200 personnes tuées, essentiellement des jeunes.
Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
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Du 25 au 29 février 2008 une centaine de jeunes Camerounais ont systématiquement été tués par les forces de l’ordre dépêchées par le Président Paul BIYA, lors d’une répression à huit clos des émeutes dites de la faim. Ces dernières ont surtout eu le tort de coïncider avec l’adoption du projet de révision constitutionnelle controversée qui consacrait de facto la Présidence à vie au Cameroun.
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