Corruption, Prisonniers politiques et Despotisme légal à Yaoundé
La mort programmée du Prof. Gervais Mendo Ze dans l’une des prisons aujourd’hui transformées en véritable mouroir concentrationnaire, que le CL2P n’a jamais hésité à dénoncer, est aussi l’occasion de reconnaître que dans le discours propagandiste contemporain à Yaoundé, le CL2P est vu par les sycophantes et ses détracteurs comme une bande d’idiots utiles acquis aux désignés « prévaricateurs dits de la fortune publique » dans un pays où la corruption est pourtant systémique.
Il va sans donc dire que cette notion de corruption est très étroite au Cameroun, comprise comme la poursuite d’un gain privé tout en accomplissant un supposé devoir public. Ses manifestations paradigmatiques sont l’enrichissement ostentatoire et le gain d’influence, qui placent la responsabilité sur les individus, généralement les bureaucrates acquis au régime en place.
Cependant le CL2P fait valoir que cette compréhension ignore délibérément les véritables ressorts et la profondeur du phénomène de la corruption dans la société camerounaise, qui peut à juste titre être considérée comme le fondement des structures sociales et politiques en vigueur à Yaoundé depuis au moins quatre décennies.
En effet pour comprendre comment fonctionne la corruption à Yaoundé, il faut comprendre comment l’influence politique est achetée et comment le pouvoir utilise son accès privilégié aux finances publiques pour fixer les règles du jeu – à travers les structures juridiques et les normes sociales – d’abord pour son propre bénéfice (et accessoirement pour ses grands serviteurs); alors que la plupart des gens ordinaires s’en tiennent uniquement aux rubriques dits « scandales » de la vie quotidienne.
Aussi, nous devons comprendre les notions de soi autonome et relationnel. Comment il est impossible d’exercer son autonomie dans un contexte biopolitique hautement coercitif et contrôlé, où le souverain décide qui doit vivre et qui doit mourir. En pratique, la nécessité de comprendre comment les ressources sont allouées et le contexte de la vulnérabilité généralisée ainsi créée.
Car dans ce contexte totalitaire et clientéliste, le Nnôm Ngui est connu pour pratiquer l’art du Maître Sun Tzu qui est de gagner la guerre sans tirer un seul coup de feu. Les personnalités perçues comme une menace pour le régime sont systématiquement emprisonnées à travers des accusations fabriquées de toutes pièces, suscitant un profond sentiment de satisfaction auprès des partisans du Nnôm Ngui, créant l’illusion d’avoir avec lui ce que notre intellectuel national, Achille Mbembe, appelle «l’intimité conviviale».
Dans cet État chroniquement corrompu, il n’y a pas aujourd’hui d’homme intègre, seulement des corrompus notoires et un chef tout aussi corrompu mais connu pour sa ruse impitoyable et nécessaire pour garder ses « voleurs » désignés en prison jusqu’à ce que mort s’en suivre.
Cela permet notamment à ses ouailles affamés et mendiants de s’engager dans une vision d’un ego sans retenue, et par extension, une vision d’un pouvoir ethno-fasciste sans restriction mais efficace.
En cela, le vice devient une source et un signe de pouvoir étatique.
Le CL2P continuera d’avertir que cette incapacité à sonder l’État de ses multiples dysfonctionnements et manquements aux devoirs et à guérir l’aliénation qui avait fragmenté la communauté républicaine est très dangereuse. Les élites égoïstes et les gardiens du statu quo dictatorial sous l’impulsion du régime de Yaoundé, sont devenus dépendants de leur richesse et de l’autorité traditionnelle éphémères, et n’imaginent jamais que leur influence pourrait disparaître du jour au lendemain, laissant le chaos et le vide dans leur sillage.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
[spacer style="1"]
English version
Corruption, Political prisoners and Legal despotism in Yaoundé
The programmed death of Prof. Gervais Mendo Ze, in one of the prisons today transformed into a concentration camp, which the CL2P has never hesitated to condemn, is also an opportunity to recognize that in the contemporary propagandist discourse in Yaoundé, the CL2P is seen as useful idiots of “public fortune prevaricators”. “It goes without saying that this notion of corruption is very narrow, understood as the pursuit of private gain while fulfilling a public duty. Its paradigmatic manifestations are corruption and extortion, which places the responsibility on individuals, usually bureaucrats.
The CL2P, however, argues that this understanding ignores the true depths of corruption, which is rightly seen, by the CL2P, as the foundation of social and political structures in Yaoundé.
To understand how corruption works in Yaoundé, you must understand how political influence is bought and how power uses its privileged access to the manger to set the rules of the game – legal structures and social norms – for its own benefit, while most ordinary people stick to the rubrics of everyday life.
Thus, we must understand the notions of the autonomous and relational self. How it is impossible to exercise autonomy in a highly coercive and controlled biopolitical context where the sovereign decides who should live and who should die. In practice, the need to understand how resources are allocated and the context of vulnerability being created.
So, in this context, the Nnom Ngui is known to practice the art of Master Sun Tzu which is to win the war without firing a single shot. The personalities perceived as a threat to the regime are imprisoned for charges fabricated with deep satisfaction from the sycophants of Nnom Ngui under the illusion of having with him what our national intellectual, Achille Mbembe, calls “intimacy friendly ”.
In this corrupt state, there are no men of integrity, only corrupted and a leader with the ruthless cunning necessary to keep the “thieves” in jail. This allows its supporters to engage in a vision of an unrestrained ego, and by extension, a vision of unrestricted but effective ethno-fascist power.
In this, vice becomes a source and a sign of state power.
The CL2P, however, continues to warn that this failure to probe the state multiple dysfunctions and derelictions of duties and heal the alienation that had fragmented the republican community is very dangerous. The self-absorbed elites and custodians of the status quo, dominating the regime of Yaoundé, had become addicted to their wealth and to traditional authority, and never imagined their influence could disappear overnight leaving chaos and the void in its wake.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P