À l’évidence cette manifestation a bel et bien eu lieu ce jour à Genève malgré l’interdiction alléguée, notamment comme nombre de défenseurs des libertés l’ont souhaitée. C’est d’abord cela qu’il faudra retenir sans sombrer dans un déni partisan ou un triomphalisme excessif.
En effet chaque fois que des filles et fils du Cameroun parviennent à se rassembler ou à manifester notamment à l’étranger pour attirer l’attention du monde sur la persistance d’une dictature implacable et brutale dans leur pays d’origine depuis 40 ans, ce sont les chaînes y compris de leurs pires détracteurs du pouvoir en place qu’ils défont lentement.
En dépit de nos différences et divergences nous leur devrons une reconnaissance historique, au-delà des critiques opportunistes et des postures patriotiques des faucons du régime de Yaoundé.
JDE
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La honte planétaire : la force des symboles expliquée aux nuls .
Par Jean-Pierre Du Pont
D’abord , la réussite d’une manifestation ne se mesure pas au nombre des manifestants , sinon on se contenterait d’un carnaval , qui ferait suffisamment l’affaire …
Ensuite , la police en Suisse 🇨🇭 ne fonctionne pas comme la milice tribale du roi fainéant à perpétuité. Dans le cas d’espèce, il s’agit du détachement de plusieurs garnisons de police , venues de plusieurs cantons , puisque la Suisse 🇨🇭 est une confédération. Tout cela coûte de l’argent , et beaucoup trop d’argent.
Et à qui doit – on présenter l’addition ? Au tyran camerounais bien sûr , puisqu’il s’y trouve dans le cas d’une visite à caractère strictement privé!
Aucune disposition n’est prévue , au chapitre du budget helvétique des différents cantons , pour se servir de l’argent du contribuable aux fins de financer la sécurité d’un dictateur désavoué par son peuple , et en mal de légitimité .
Au- delà des seules considérations de trésorerie, le symbole est fort et destructeur pour l’image de ce despote , qui après 40 ans d’un pouvoir personnel sans partage , et sans discontinuer, se fait tirer dessus son épouse et lui , comme un gibier de chasse .
Comme le dit Niccolò Machiavelli , l’auteur du Prince , livre de chevet , pensum et vade-mecum du dictateur , tout en politique est certes question de rapport de force , mais d’image et d’apparence aussi .
De ce point de vue , les manifestants et activistes ont remporté une grande victoire d’image et de communication, et tout cela suffit largement à leurs peines .
Car , c’est le but qui était véritablement escompté depuis le tout début , et il a été largement atteint .
En transformant involontairement l’Intercontinental en une forteresse assiégée, imprenable et inaccessible, la police helvétique aiguillonnée en amont par l’autorité politique, montre et confirme en mondovision, que la Suisse au-dessus de tout soupçon , comme l’écrivît naguère mon professeur et ami Jean Ziegler , n’est pas si innocente que ça , et est même complice volontaire des détournements des fortunes amassées en son sol , au détriment des peuples affamés .
En mondovision, les camerounais lambda restés au pays, et ne jouissant pas de la même faculté de dire s’ils sont pour ou contre , ont pu constater par eux-mêmes, que contrairement à la légende qu’on leur sert consistant à dire que le Nom Ngui ( roi des rois en langue Béti ) tiendrait son pouvoir de Dieu ( curieux pour un fils de paysan roturier) est en réalité un roi nu et sans couronne .
Ils ont compris que reclus , terré et apeuré comme un rat des champs , dans sa suite d’hôtel , il n’a dû son salut qu’à la cohorte des policiers suisses chèrement rémunérés , pour l’extraire et l’extirper des griffes des activistes de la diaspora, venu le capturer .
Oui , le but recherché a atteint au-delà de nos espérances , puisque cette image montrant l’Intercontinental de Genève comme une forteresse assiégée et hautement gardée , fait désordre d’abord pour l’image de l’établissement lui -même , et pour le pays
. Un pays où fut signée en 1951 tout de même , la convention de Genève relative au droit d’asile .
Les autorités suisses , en apportant leur caution à la forfaiture d’un tyran d’une kleptocratie moribonde de type mafieux , insultent tout simplement l’avenir .
Non seulement les opposants d’aujourd’hui sont potentiellement et par définition, les dirigeants de demain , mais il ne faut jamais oublier que comme l’a dit Amadou Hampâté Bâ, que si “ En Afrique un vieillard qui meurt , c’est une bibliothèque qui brûle “ , un dictateur africain qui meurt , c’est une banque suisse qui ferme . On sera se voir , comme on dit à Babi , sur les bords de la lagune Ébrié.
Jean-Pierre Du Pont
Dossier Françafrique. A écouter impérativement. https://www.facebook.com/ caroline.meva/videos/ 995688277871142/