Ainsi va la politique commerciale du grand palace Genevois, notamment lorsque le dictateur Camerounais et sa délégation pléthorique y séjournent: pas d’admission d’autre ressortissant du Cameroun sans autorisation de Paul Biya!
Vous pouvez donc être américain, avoir effectué votre réservation en ligne quelques jours avant, y être admis après les vérifications d’usages, mais une fois bien installé dans votre chambre vous faire expulser immédiatement avec clé et effets personnels, au motif que, je cite, “vous êtes encombrant” et réputé dangereux pour Paul Biya. Vous n’êtes pourtant répertorié sur aucun fichier sur la grande délinquance voire le terrorisme international, et n’avez fait l’objet d’aucun signalement par la police.
Mais comme vous êtes ressortissant du Cameroun, Paul Biya détiendrait tous les droits sur vous, y compris de vous faire expulser de l’hôtel Intercontinental de Genève. Il pourrait même en toute impunité en Suisse ordonner puis obtenir votre lynchage auprès de la même direction. Simplement parce que vous êtes camerounais d’origine et avez eu à exprimer des opinions qui ont fortement déplu à l’un des dictateurs les plus crapuleux et sanguinaires du continent africain.
Nous assistons ici au triomphe de la loi imposée par la dilapidation des maigres ressources et devises de l’État du Cameroun dans un palace Genevois depuis 40 ans.
Cela ne s’est jamais fait ni vu ailleurs sur la planète pendant une aussi longue période ..Qu’à la demande d’un dictateur notoirement connu pour la brutalité de ses méthodes de répression, une de ses victime (parce que M. Nganang avait déjà été séquestré au Cameroun pour ses écrits contre Paul Biya) soit ainsi expulsée sans ménagement d’un Hôtel à l’étranger, réputé abrité les médiations sur les crises internationales.
Bref c’est tout ce qu’il ne fallait pas faire…et M. Nganang tient avec cet incident le procès qui pourrait sérieusement abîmer cette réputation …si l’Intercontinental n’opte pas rapidement en faveur d’un “arrangement” dans cette affaire que les partisans du régime de Yaoundé prennent avec leur sens marqué de la dérision et du mépris.
Nous en reparlerons le moment venu.
Fondamentalement dans notre monde intégré on n’expulse pas au faciès un client initialement admis dans un hôtel. Même s’il s’agit d’un natif du Cameroun devenu américain…afin d’obéir aux ordres d’un dictateur, de satisfaire les caprices de son proche entourage qui a de surcroît pris le soin de filmer la scène, de la transférer à des télévisions ethno-fascistes au Cameroun, qui l’ont abondamment diffusée sous des commentaires les plus fallacieux et injurieux…
Ce sont là des faits très graves en démocratie, qui vont bien au-delà de la molestation d’activistes venus protester sous les fenêtres d’un dictateur en villégiature dans un cinq étoiles à Genève. Parce qu’il sera pratiquement impossible de prouver que le client Nganang était animé d’une quelconque ‘intention malveillante”, même sur la base de ses fictions littéraires…
C’est l’occasion de rappeler que M. Nganang est non seulement un respectable professeur d’université à New York, chef d’un département d’études littéraires francophones, mais aussi et surtout un écrivain de talent. Quand bien même ses positions sur le Cameroun sont quelques fois controversées car s’appuyant sur un profond ressentiment ethno-tribal (que nous avons régulièrement condamné), il ne mérite en aucune manière un tel traitement discriminatoire et ségrégationniste de la part d’un établissement hôtelier établi dans la confédération helvétique.
JDE