Nous sommes malheureusement ici face à une déchirure profonde (visiblement prise avec légèreté au MRC) encore avive, et la maladie puis la mort de CPE l’ont davantage aggravée, la rendant pratiquement irréversible.
Les proches parents et amis de l’illustre défunt, en refusant notamment que les membres du MRC assistent à ses obsèques, ne s’inscrivent nullement dans une démarche politique. Ils tiennent d’abord à accompagner l’un des leurs à sa dernière demeure dans la dignité, en l’absence de celles et ceux qui sont associés (peut-être à tort) à l’aggravation de son état de santé ces derniers mois.
Rien et absolument rien ne les oblige à faire autrement.
Vouloir malicieusement les culpabiliser tient finalement de la banalisation de la cruauté dans le système politique camerounais, où certains pensent que tous les coups (y compris les lynchages) sont permis dès lors qu’ils concourent à la pérennisation de leurs organisations politiques (pour les opposants) ou au pouvoir en place (pour le régime de Paul Biya), y compris lorsqu’il y a des pertes en vies humaines.
C’est exactement le macabre rituel sacrificiel auquel cette dictature a accoutumé les Camerounais dans l’indifférence générale, et qui a atteint son paroxysme avec la lente agonie du Professeur Gervais Mendo Ze.
Nous avons en effet vu ses pires détracteurs, bourreaux et même ses ennemis jurés au sein du sérail RDPC verser des larmes de crocodile sur sa dépouille en déposant des gerbes de fleurs au nom de Paul et Chantal Biya.
Réapprenons dans ce pays à respecter la vie humaine, quelle qu’elle soit, y compris de nos pires ennemis déclarés.
Je rappelais pour ce faire à certains indignés sélectifs que, y compris en France, nous avons vu il y a quelques années les ayant-droits de l’ancien premier ministre Pierre Beregovoy refuser que Lionel Jospin assiste à ses obsèques, associant à tort ou à raison ce dernier aux fuites médiatiques qui ont précipité le suicide de M. Beregovoy. Cela n’a pas empêché des années après que M. Jospin devienne Premier ministre et veille à ce que les luttes intestines entre courants internes au parti socialiste ne dégenèrent en drames personnels.
Pour terminer, chacun de nous a le droit d’enterrer ses proches en accord avec ses valeurs et sa conscience. Un homme politique est d’abord un Homme (fils, père, grand-père, ami) avant d’être un supposé « animal » politique. Ne l’oublions jamais.
Paix à l’âme de Christian Penda Ekoka.
Vidéo:
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Joël Didier Engo