Sortons de la Françafrique
Il faut être honnête et reconnaître que la Françafrique est l’héritage de notre rencontre coloniale avec la France.
L’héritage de cette rencontre coloniale a abouti aux dilemmes existentiels auxquels l’Afrique francophone et la France sont encore confrontées aujourd’hui; et c’est l’intégrité intellectuelle et le courage du Pr. Achille Mbembe, non seulement de le reconnaître, mais également d’essayer de faire quelque chose à propos des hypothèses de refondation non examinées qui peuvent changer cette relation.
En effet, nous devons être honnêtes et admettre que nous n’avons aucune hauteur morale et descendons donc de nos grands chevaux pour accorder au président Emmanuel Macron le bénéfice du doute, étant le premier président français né après l’indépendance des colonies françaises d’Afrique et surtout un président qui ose aussi défier une institution corrompue et antidémocratique encrassée dans des décennies de reproduction affairiste et brutale assise sur la domination humaine comme un principe de fonctionnement de base.
Du côté africain, étant d’anciens colonisés de la France, nous n’avions pas beaucoup d’autre choix que d’être éduqués en français pour devenir des citoyens productifs, fonder une famille et vivre une vie significative et épanouissante. Certains d’entre nous, comme le professeur Achille Mbembe, ont eu un succès personnel en le faisant, mais nous devons reconnaître que ce n’était pas un succès collectif.
Nous devons tout aussi reconnaître que toutes les politiques de développement et de modernisation ont abouti à un échec catastrophique; et c’est parce qu’elles ont conduit à l’autocratie, à la kleptocratie et à la suppression brutale de la dissidence sur laquelle Pr. Achille Mbembe a abondamment écrit et réfléchi.
Il est donc urgent que toutes les personnes de bonne foi cherchent des alternatives. Faire les mêmes choses et s’attendre à des résultats différents est la définition classique de la folie. Ce faisant, ils deviennent sans surprises des cibles visibles et faciles des partisans lâches du statu quo qui préfèrent les attaquer bassement plutôt que de s’affronter le gâchis corrompu auquel nous devons faire face pour obtenir une vraie liberté des deux côtés.
Ne faisons pas un mauvais procès à Achille Mbembe
L’écrivain et universitaire Achille Mbembe était légitimement à sa place dans ce sommet Afrique-France, qui a affiché la volonté de reconfigurer une vieille relation plombée par tant de ressentiments et de souffrances en Afrique.
Le rapport qu’il a remis à cet égard à l’actuel locataire de l’Élysée est non seulement très attendu mais aussi un repère sur lequel nous nous appuierons désormais pour mettre Paris face à ses responsabilités et surtout ses multiples contradictions sur le continent.
C’est en cela que le sommet de Montpellier marque un tournant pour les sociétés civiles africaines et françaises en les amenant symboliquement toutes deux sous l’égide de l’arbre à palabres africain pour régler ensemble notre relation compliquée et singulièrement abîmée.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
On the Freedom from the Françafrique
We must be honest and recognize that the Françafrique is the legacy of our colonial encounter with France.
The legacy of that colonial encounter resulted in the existential dilemmas both Francophone Africa and France are still dealing with today and it is the integrity and courage of Pr. Achille Mbembe, not only to recognize it, but to try to do something about it about the unexamined assumptions that drive this relationship.
Indeed, we must be honest and admit that we have no moral high ground and come down from our high horses, to give President Emmanuel Macron the benefit of the doubt being is the first French president born after the independence of the French colonies of Africa and a president who also dare to challenge a corrupt and anti-democratic institution clogged up with decades of corrupt reproduction of domination was a key organizing principle.
On the African side, being French former colonized we did not have much choice but to be French educated to become productive citizens, start a family and live a meaningful and fulfilling life. Some of us had a personal success doing it but we must recognize that it was not a collective success.
We must recognize that all the politics of development and modernization resulted in catastrophic failure, and this is because it led to autocracy, kleptocracy and the brutal suppression of dissent Pr. Achille Mbembe extensively wrote about.
It is urgent, consequently, for all people of good faith to look for alternatives. Doing the same things and expecting different results is the classic definition of foolishness.
Doing so, they make themselves visible and easy targets of the cowards’ partisans of the status quo who would rather attack them than tackling the corrupt mess we must deal with to achieve real freedom on both sides.
Thus, let’s not turn Achille Mbembe into a scapegoat here. We have no legitimacy to do so.
Writer and scholar Achille Mbembe was rightfully in his place in this Africa-France summit, which shows the desire to reconfigure an old relationship weighed down by so much resentment and suffering in Africa.
The report that he has submit in this regard to the current tenant of the Élysée Palace is not only eagerly awaited but also a benchmark on which we will now rely to confront Paris with its responsibilities and above all contradictions on the continent.
Therefore, the Montpellier summit marked a turning point for African and French civil societies bringing them both under the umbrella of the African palaver tree to sort out our complicated relationship.
The Committee For The Release of Political Prisoners – Cl2p