Le CL2P et la Françafrique à 2 Vitesses
Le CL2P estime en effet que les propositions ou recommandations formulées par Achille Mbembe lors du Sommet France-Afrique de Montpellier, relativement notamment aux clarifications très attendues en matière politique, diplomatique, militaire et économique dans la relation déséquilibrée avec la France sont insuffisantes; dont le manque d’engagement ferme de la France à ne plus soutenir des régimes totalitaires et illégitimes en Afrique noire francophone; à démanteler ses bases militaires, à sortir totalement du système monétaire africain, puis à adopter une politique migratoire plus respectueuse des accords bilatéraux et de la dignité des Africains.
Il s’agit ni plus ni moins ici d’un signal clair de la France de poursuivre en réalité une Françafrique à deux vitesses: souple dans ses déclarations officielles et particulièrement inhumaine dans ses actions.
Pour une organisation qui engage les stratégies de survie quotidienne des personnes en détention arbitraire, dans le contexte françafricain qui est à peu près celui des États en faillite en Afrique centrale notamment (l’une des régions politiques les plus arriérées du monde); nous sommes constamment confrontés à l’insécurité politique et juridique, puis à la répression d’un côté, et à la nécessité d’un autre coté de s’attaquer aux économies informelles florissantes, aux déréglementations puis aux pratiques capricieuses et criminelles, sans oublier l’incertitude générée par la précarité générale sous des régimes de mobilité et d’expulsion …compliquant singulièrement le sort des exclus du système, dont les prisonniers politiques, les réfugiés et mêmes les migrants économiques à l’intérieur de la Françafrique, et remettant en cause la notion d’universalisme des Droits humains proclamée par la France et son idée d’être le phare mondiale des droits de l’Homme en contradiction avec l’hymne de la « zemmourisation» entonnée dans ses médias tous les jours.
Nous sommes en fait ici dans un environnement d’exacerbation identitaire où les règles de détention dite de rétention des réfugiés et des demandeurs d’asile sont si sévères qu’elles nous paraissent presque criminelles. Et ces mauvais traitements récurrents sont défendus et protégés par le gouvernement français. Cela ne nous semble pas pour ainsi dire constituer une grande avancée par rapport y compris à manière dont les esclaves puis les colonisés étaient traités autrefois. Le réflexe institutionnel de la France aujourd’hui consistant à repousser de façon inhumaine ceux qui viennent sur son territoire nous paraît très anachronique et ancré dans ses mœurs politiques.
Dans l’ensemble, se pose plus que jamais la question centrale et cruciale de la confiance mutuelle entre la France et l’Afrique
De plus, ce qui unit ces économies informelles est un contexte d’incertitude et de précarité où de nombreux Africains ordinaires sont contraints par les circonstances répressives d’être innovants et transnationaux, et ont trouvé leur survie en dehors des structures formelles. C’est ainsi qu’un lien créatif s’est petit à petit tissé entre la mobilité de la main-d’œuvre africaine et les économies informelles au sein des pays de la Françafrique, accroissant dans le même temps la vulnérabilité de ceux-ci vis-à-vis de la France et d’autres puissances étrangères.
C’est pourquoi au fond nous devons poser le problème de la confiance dans un contexte bilatéral où des réseaux transnationaux et des technologies numériques, les règles régissant les activités économiques et sociales des travailleurs mobiles sont extraordinairement devenues floues, opaques, flexibles et unilatérales. D’où la nécessité de comprendre les processus entourant le travail, les régimes de mobilité internationale et l’informalité au sein de la Françafrique avec des similitudes dans d’autres zones géographiques et une accentuation des tendances.
Il est devenu capital de reconnaître que le statu quo ne fonctionne plus, ni pour la France ni pour ses anciennes colonies, et qu’il n’y a donc aucune excuse à ne rien faire en persistant dans la domination coloniale.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
The Cl2P and the Dual Speeds of the Françafrique
The CL2P recognizes that the proposals or recommendations formulated by Achille Mbembe, in particular with regard to the much-awaited clarifications in political, diplomatic, military and economic matters in the relationship with France, including the latter’s lack of firm commitment to no longer support totalitarian regimes and illegitimate in French-speaking black Africa; or adopt a migration policy that is more respectful of bilateral agreements and the dignity of Africans is also the expression of Francafrique running on 2 speeds.
For an organization that engages the daily survival strategies of people within the context of what is pretty much failed states, in central Africa, one of the most backward political regions in the world. It comes packaged with issues we are constantly dealing with which are political insecurity and repression, on one side, and the need to address the flourishing informal economies, regulations and practices, legal precarity uncertainty, and mobility and deportation regimes that complicate problems of political prisoners, refugees and economic migration inside the Francafrique and challenging the notion of the French universalism and its idea of being the beacon of human rights in a country that is becoming increasingly “zemmourised.” A place where rules about detention of refugees and asylum-seekers are so mean they seem to us to be almost criminal. And these are argued for and protected by the French government. This doesn’t seem to us to be a big advance to the way slaves were treated. The institutional reflex of France to push away those who come here appears to run deep.
Taken together, the central question of trust
Indeed, what unite these informal economies is a context of uncertainty and precarity where many ordinary Africans are forced by the repressive circumstances to be innovative and transnational and have found their niches outside formal processes and structures. Thus, a creative link between labor mobility and informal economies within the countries of the Françafrique. Overall, the importance of trust, transnational networks, and digital technologies in settings where the rules governing economic and social activities of mobile workers are often unclear and flexible. The need to understand processes surrounding labor, mobility regimes, and informality within the Françafrique which shared similarities with broader global trends.
It is also important to note that the status quo does not work for neither France nor its former colonies and therefore there are no excuses for doing nothing.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P