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Affaire de la « sextape » : dix mois de prison avec sursis requis contre Karim Benzema
Au deuxième jour du procès de l’affaire dite de la « sextape », dix mois de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende ont été requis contre Karim Benzema par le parquet, jeudi 21 octobre, à Versailles. L’attaquant du Real Madrid est accusé de complicité de tentative de chantage envers son ancien coéquipier en équipe de France Mathieu Valbuena. Le tribunal correctionnel rendra son jugement vendredi.
« Karim Benzema n’est pas un bon samaritain venu porter secours, il a agi pour permettre aux négociateurs de parvenir à leurs fins et aux maîtres chanteurs de toucher de l’argent », a dit lors de son réquisitoire la procureure Ségolène Marés, qui a pointé l’« autorité et la notoriété en équipe de France » de l’ancien attaquant de l’Olympique lyonnais. « Il s’inclut dans cette équipe, il s’associe dans ce projet » de tentative de chantage autour d’une vidéo intime, a-t-elle appuyé. L’autre procureur Julien Eyraud a pour sa part rappelé le rôle dans la société de la star du Real Madrid, « porteur d’une image, d’espoir, de notoriété et de valeurs morales ».
« On requiert une peine absurde, disproportionnée, qui n’a rien à voir avec ce dossier », a réagi devant la presse l’avocat de Karim Benzema, Me Sylvain Cormier, regrettant que le parquet ait voulu « se payer une star ». « On s’y attendait un petit peu, c’est toujours difficile pour le ministère public d’abandonner les poursuites après six ans de procédure et de reconnaître qu’on a tort », a-t-il ajouté.
Dans sa plaidoirie, l’avocat de Valbuena, Me Paul-Albert Iweins, a pour sa part dénoncé le « discours mafieux » de Benzema lors de son intervention dans cette affaire, le comparant même à « un parrain ». Son client, a-t-il rappelé, a été « exclu » de la sélection nationale alors qu’il est la victime de cette affaire. « On l’a privé de son Graal par des manœuvres sordides et la trahison d’un coéquipier », a-t-il appuyé.
Jusqu’à quatre ans de prison requis pour les autres prévenus
Contre les quatre autres prévenus, poursuivis dans cette affaire pour tentative de chantage, le ministère public a requis des peines allant de dix-huit mois de prison avec sursis à quatre ans de prison.
Le parquet a ainsi demandé quatre ans de prison et 15 000 euros d’amende contre Mustapha Zouaoui, considéré comme le « cordon ombilical » de cette affaire ; deux ans de prison et 5 000 euros d’amende contre Karim Zenati, l’ami d’enfance de Benzema ; et dix-huit mois de prison et 15 000 euros d’amende contre Axel Angot, qui a trouvé la vidéo et l’a conservée en vue d’une utilisation ultérieure. Enfin, dix-huit mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende ont été requis contre l’intermédiaire Younes Houass.
Tout au long des débats, les quatre prévenus présents ont dépeint un monde abreuvé par l’argent des joueurs et où s’échangent les « services » et les coups de pression contre des montres de luxe, des articles de maroquinerie ou des « sextapes ». Ainsi, Axel Angot est un « concierge », homme à tout faire, doué en informatique. Proche de Mathieu Valbuena, c’est lui qui a récupéré la vidéo des ébats intimes lorsque l’ancien international lui a confié son téléphone.
Le point sur l’affaire : L’affaire de la « sextape » et Karim Benzema devant le tribunal de Versailles
Son ami Mustapha Zouaoui, la « cheville ouvrière » du projet, avoue, lui, avoir déjà « rendu service » à un autre international, Djibril Cissé, en « réglant » un « problème » de « sextape », avant de recevoir 15 000 euros. Younes Houass, lui, joue les intermédiaires ; il est entré en contact avec Valbuena, pour « arranger [ses] intérêts ».
Les excuses de Mustapha Zouaoui à Mathieu Valbuena
« La voix de ces trois-là qui polluent le monde du football est rentrée, directement ou indirectement, dans une chambre de Clairefontaine », le centre d’entraînement des Bleus, a tonné Benjamin Peyrelevade, l’avocat de la Fédération française de football (FFF), dans une allusion au rôle prétendument joué par Karim Benzema, missionné par les maîtres chanteurs auprès de Mathieu Valbuena. La FFF, partie civile dans cette affaire, « doit protéger ses joueurs », a-t-il appuyé, saluant l’attitude de Valbuena, le « premier joueur qui a le courage de dire non, de résister, de porter plainte ». Paul-Albert Iweins, l’avocat de Mathieu Valbuena, a tonné contre ce « milieu parasite du football », qui profite de « garçons jeunes » et fortunés. Il a demandé 150 000 euros de réparation au nom du préjudice moral.
Mathieu Valbuena et son avocat, mercredi 20 octobre 2021, à Versailles.
A la mi-journée, Mathieu Valbuena, qui s’est longtemps exprimé la veille sur les conséquences de cette tentative de chantage pour lui et pour sa carrière, a quitté Versailles et a rejoint Francfort, où son équipe, l’Olympiakos, dispute dans la soirée un match de Ligue Europa. Il a pris l’avion avec en tête les excuses de Mustapha Zouaoui. « Je m’en excuse du fond du cœur, je le regrette à mort », a déclaré ce dernier, considéré comme le cerveau de cette entreprise. Très bavard devant la presse et dans le prétoire, il s’était pourtant moqué du joueur à la barre, mercredi.
Récit de l’audience : Mathieu Valbuena au procès de l’affaire de la « sextape » : « J’ai l’impression que Karim Benzema voulait me faire peur »
Poursuivi pour complicité de tentative de chantage sur Mathieu Valbuena, Karim Benzema n’assiste pas aux débats, ses avocats ayant cité les impératifs « professionnels » de l’attaquant du Real Madrid.
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Le Monde avec AFP