Peur du vide à Yaoundé et dans le Monde
Le système répressif de Biya est aveugle et sans distinction
En effet ce ne sont pas comme nous l’avons si souvent entendu ces dernières décennies au Cameroun “des choses qui n’arrivent qu’aux autres”…
Car une dictature aussi crasse que celle de Paul Biya n’applique pas de traitement préférentiel à l’égard des personnes qu’elle a désignées comme des “ennemis à abattre”, en son sein comme dans son opposition réelle…
Les récentes condamnations brutales des porte-parole et trésorier du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du Pr. Maurice Kamto, sont une fois de plus l’illustration qu’il ne s’agit pas de déconvenues qui arrivent uniquement à ceux qui les auraient (bien) méritées, comme l’ont si souvent laissé entendre certains Camerounais (dont les désabusés de ce jour), au motif que les étiquetés “éperviables et autres voleurs de la République” (comme ils ont coutume de dire) étaient des “membres du système Biya”…
Le système répressif d’une tyrannie est aveugle et ne s’encombre point des étiquettes collées ici ou là à ses victimes pour les broyer avec la même brutalité.
Raison s’il en est de ne jamais adopter une approche sélective, partisane, voire clanique dans la lutte contre toutes les injustices, dont les violations systémiques des droits humains, et plus particulièrement les emprisonnements politiques.
En effet, avec son addiction mortelle au despotisme légal, récemment exprimé, avec la séquestration des dirigeants du MRC dans les cachots de Biya, le «Nnôm Ngui» continue de combler un vide dans une partie du Cameroun qui vénère un homme fort, qui, ironiquement, va jamais les délivrer du désespoir que ses « créatures », ses flagorneurs et tous les spectateurs lâches aspirent à échapper à tout prix.
Un vide similaire hante d’autres nations où la démocratie est en danger et nous le voyons partout dans le monde avec des démagogues populistes suprémacistes blancs. Le défi qui attend le Cameroun, comme ailleurs dans le monde, est de combler ce vide par l’espoir plutôt que par le néofascisme. C’est le vrai sens de notre combat à l’ICL2P / CL2P.
Il ne s’agit pas simplement d’un banal appel à l’espoir, mais plutôt pour les militants des droits humains et les démocrates de combler le « vide » au sein des communautés laissées pour compte avec des politiques et des messages qui abordent réellement les problèmes des gens ordinaires, sinon c’est l’extrême droite, partout dans le monde, qui prendra avantage de ce “vide”.
En effet, le Cameroun souffre d’un énorme déficit démocratique qu’en ce nouvel âge d’or, il n’est plus possible de cacher.
Les prétendues institutions de la démocratie ne remplissent pas leur rôle fondamental et l’écart entre ce que disent les représentants officiels et ce qu’ils font s’élargit et devient de plus en plus effronté.
Bien sûr, c’est un problème auquel de nombreuses démocraties à travers le monde sont confrontées et si des gens comme Biya peuvent continuer imperturbablement leur despotisme légal de manière quasi ininterrompue et ancrée dans une politique d’immortalité obscène, la démocratie sera alors perdue à jamais.
C’est précisément pourquoi nous utilisons la catégorie de prisonnier politique, non seulement pour comprendre ce genre de tyrannie, mais aussi le pouvoir performatif de cette catégorie, comme celui des prisonniers politiques, qui est une catégorie qui traduit une histoire de violence systémique, puis un déni permanent de l’égalité enracinés dans une lutte de transition et d’absence d’utopie transformatrice dans un passé qui refuse de mourir et un avenir pas encore né. C’est dans cet entre-deux, cependant, que le pouvoir de la créativité et de l’expérience vécue agit comme un agent de transformation.
En tant que tel, nous sommes des citoyens préparés, donc pas coincés dans la longue histoire de la souveraineté oppressive. Mais tout dépend ensuite de comment nous continuons à affronter l’autoritarisme face aux violations des libertés, en nous plaçant souverainement au-dessus des contingences autoritaires, produisant l’altérité et défendant nos propres droits.
L’Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P / CL2P
English version
Fear of the void in Yaoundé
Biya’s repressive system of a tyranny is blind and indiscriminate
Indeed, as we have heard so often in recent decades in Cameroon, “things that only happen to others” …
Because a dictatorship as filthy as that of Paul Biya does not apply preferential treatment with regard to the people it has designated as “enemies to be killed”, within itself as well as in its real opposition …
The recent brutal condemnations of the spokesperson and treasurer of The Cameroon Renaissance Movement (MRC) of Prof. Maurice Kamto, are once again the illustration that these are not disappointments that only happen to those who would have (well) deserved them, as some Cameroonians have so often suggested (including the disillusioned of nowdays), on the grounds that the labeled “spooky and other thieves of the Republic” (as they usually say) were “members of the Biya system” …
The repressive system of a tyranny is blind and does not encumber itself with labels stuck here and there to its victims in order to crush them with the same brutality.
This is why it is unworthy to adopt a selective, partisan, or even a clan approach in the fight against all injustices, including systemic violations of human rights, and more particularly political imprisonments.
Indeed, with his deadly addiction to legal despotism, recently expressed, with the sequestration of the leaders of the MRC in the dungeons of Biya, the Nnom Ngui continues to fill a void in a part of Cameroon that worships a strong man, who, ironically, will never deliver them from the despair that his “creatures”, his sycophants and all cowardly spectators aspire to escape at any cost. A similar void haunts other nation where democracy is in jeopardy and we see this all over the world with white supremacist populist demagogues.
The challenge ahead for Cameroon, as elsewhere in the world, is to fill this void with hope rather than neofascism. This is the real meaning of our fight at ICL2P / CL2P.
This is not, simply, some trite call for hope but rather for human right activists and democrats to fill the ‘void’ within left behind communities with some policy and messaging that actually addresses ordinary people problems, otherwise the far right, everywhere, will take advantage of this void.
Indeed, Cameroon suffers from a huge democratic deficit which, in this new gilded age, is no longer possible to hide. The purported institutions of democracy are failing to fulfill their basic role and the gap between what democratic representatives say and what they do grows ever wider and ever more brazen.
Of course, this is a problem that many democracies across the world face and if folks like Biya continue with their legal despotism uninterrupted and embedded in a politic of obscene immortality, democracy will be lost forever.
It is precisely for this, that we use the category of political prisoners, not only to understand this kind of tyranny, but also the performative power of this category, like that of political prisoners, which is a category. which signals a story of systemic violence and permanent denial of equality rooted in a struggle of transition and absence of transformative utopia in a past that refuses to die and a future not yet born. It is in this in-between, however, that the power of creativity and lived experience acts as a transforming agent.
As such, we are prepared citizens, therefore, not stuck in the long run of oppressive sovereignty but how we continue to pit authority against freedom while re-sovereignizing ourselves by producing and defending our own rights.
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P