Australie, L’affaire Djokovic : une occasion manquée?
Par Dr. Olivier J. Tchouaffe et Joël Didier Engo, respectivement Porte-parole et Président du CL2P
Alors qu’un juge australien a permis à la star du tennis non vaccinée Novak Djokovic d’être libérée de la détention de l’immigration au milieu de la controverse sur son exemption de vaccin COVID et au milieu d’un pays confronté à un record d’infection de Covid, le cas de Djokovic a attiré l’attention internationale sur le traitement inhumain des réfugiés emprisonnés dans le même hôtel Park délabré à Melbourne.
En effet l’affaire Djokovic est l’occasion de faire la lumière sur le sort particulièrement inhumain réservé aux 33 réfugiés incarcérés de longue date dans ce même Park Hôtel délabré de Melbourne, qui est bel et bien un asile pour les malades de la politisation réactionnaire de l’immigration en Australie. Ces lieux de détention des migrants n’ont absolument rien à envier aux donjons du dictateur Paul Biya au Cameroun! Certains des 33 réfugiés sont dans ce mouroir carcéral de Melbourne depuis 10 ans!
Et pourtant leur statut de réfugié a été reconnu, à travers ce qui est un système terriblement onéreux, 500 000 $AUS par réfugié, notamment en Australie. Mais compte tenu de l’extrême droitisation à outrance des questions migratoires en Australie, même les réfugiés sont ainsi incarcérés comme de violents et vulgaires criminels.
Et c’est horrible, ce qui leur est arrivé.
Environ 13 de ces hommes sont morts, dont l’un s’est immolé par le feu sur l’île du Pacifique de Nauru, que l’Australie utilise principalement comme prison offshore pour migrants. Il y a quelques années, une loi sur les évacuations médicales avait été adoptée contre la volonté du gouvernement. C’était une manière indirecte pour l’Australie de reconnaître que les étrangers ainsi détenus de manière inhumaine et dégradante avaient un besoin immédiat et urgent de soins médicaux et avaient accumulé de graves problèmes de santé physique, et surtout psychologiques liés notamment à leur santé mentale, étant emprisonnés sur une île pendant si longtemps. Ils devaient donc et auraient logiquement dû être amenés en Australie. Un panel médical indépendant a déclaré que le traitement était urgent.
Avec ce que Novak Djokovic vient de vivre, beaucoup de personnes ont fini par comprendre combien cette situation était devenue intenable et à quel point le cas du numéro Un mondial de tennis est assez emblématique!
Les archives de la cour fédérale australienne sont en effet discrètement remplies de dizaines de dossiers rejetés liés notamment aux annulations de visas. Rarement sont-ils aussi chanceux que Djokovic: relativement mieux protégé par sa puissance financière, les relais institutionnels, l’attention des médias et une défense juridique assez étoffée.
Souvenons-nous que contre tous les autres réfugiés incarcérés arbitrairement, le gouvernement australien avait juré que jamais ils ne s’installeraient en Australie, sur la base d’une posture essentiellement politique et populiste. Il s’est donc mis à les maltraiter au maximum afin d’essayer de les forcer à rentrer chez eux. Il leur a même offert de l’argent pour les faire partir. Pourtant, ce sont des réfugiés internationalement reconnus comme tels (notamment par les conventions de Genève). Ce qui signifie que s’ils rentrent chez eux, ils seront persécutés et beaucoup mourront.
Mais le gouvernement australien et la plupart des Australiens n’en ont cure, et ne s’en préoccupent guère, y compris que l’on parle de nourriture horrible et d’un manque criant de traitement médical. Nous avons ainsi vu des gens avec des abcès aux dents, au ventre. Nous en avons vu d’autres avec une santé mentale dépressive, des épidémies se répandre dans ces camps voulus de luxe, et on leur donnait simplement du Panadol et on leur disait de passer à autre chose. Ils ne sont pas autorisés à sortir de l’hôtel. Ils y sont enfermés 23 heures par jour.
En fait, même les manifestants étaient à l’extérieur pour essayer de faire entendre leur voix – un nombre relativement faible étant donné que l’Australie compte plus de 26 millions d’habitants et la métropole de Melbourne certainement une des plus densifiée du pays. Même devant cette faible mobilisation le gouvernement australien est quand même venu mettre une sorte de cellophane noir à l’extérieur des fenêtres de ces centres de détention des réfugiés pour empêcher que les manifestants puissent les voir. Dans un autre hôtel de Brisbane – cela se passe ainsi dans tout le pays – le gouvernement a en fait construit un mur pour que les manifestants ne puissent pas voir les réfugiés, et vice versa.
Ainsi va la diabolisation politicienne des réfugiés en Australie!
Dr. Olivier J. Tchouaffe et Joël Didier Engo
L’Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P
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English version
Australia, The Djokovic’ Affair: A missed opportunity?
By Dr. Olivier J. Tchouaffe and Joël Didier Engo, Respectively Spokesman and President of The CL2P
As an Australian judge allows unvaccinated tennis star Novak Djokovic to be released from immigration detention amid controversy over his COVID vaccine exemption and amid a country facing a record breaking Covid infection, Djokovic’s case has intensified international scrutiny over Australia’s inhumane treatment of refugees jailed in the same rundown Park hotel in Melbourne.
The Djokovic case is the opportunity to shed light on the fate of the 33 refugees incarcerated in this dilapidated Park Hotel in Melbourne which is indeed an asylum for the sick who has nothing to envy to the Biya’s dungeon! Some of the 33 refugees have been in that asylum for 10 years!
And yet their refugee status has been recognized, through what is a terribly onerous system, $ 500,000 per refugee, especially in Australia, given the politicization of immigration where refugees are incarcerated like violent criminals.
And it’s horrible, what happened to them.
About 13 of the men died, one of whom set himself on fire on the Pacific island of Nauru, which Australia uses primarily as an offshore prison. A few years ago, there was a medical evacuation law, which was instituted against the will of the government, which meant that people who were in immediate and serious need of medical attention, had serious physical health problems; and especially psychological, mental health, being imprisoned on an island for so long that they were to be brought to Australia. An independent medical panel said treatment was urgent. With what Novak Djokovic just went through, a lot, including how political his case has become as well.
Australia’s federal court docket is quietly filled with dozens of challenges to visa cancellations. Rarely are they as fortunate as Djokovic: backed by money, institutional support, media attention, and a legal team in the multitudes.
And essentially, because the Australian government had said that they would never settle here, for political reasons, they have set about mistreating them to the maximum degree they possibly can in order to try and force them home. They’ve offered them money to go. Of course, these are refugees. And that means if they go home, they’re going to be persecuted, and many would actually die. And the Australian government and most Australians aren’t concerned about that, and therefore you’re are talking about horrible food and no medical treatment. You know, we’ve seen people with abscesses in their teeth, in their stomach. We’ve got massive mental health, an epidemic among all of this cohort, and they’re simply given Panadol and told to move on. They’re not allowed out of the hotel. They’re locked up 23 hours a day.
In fact, even protesters were outside trying to raise the voice — relatively small numbers given we’ve got 26 million people here. And so, the Australian government came and put a kind of black cellophane on the outside of the refugees’ windows so that the protesters can’t see them. In another hotel, up in Brisbane — it’s been going on all around the country — the government actually built a wall so that the protesters couldn’t see the refugees, and vice versa.
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P