Connaître sa place à Yaoundé
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, Membre fondateur de l’ICL2P et Porte-Parole du CL2P
Avec l’élection de Samuel Eto’o à la présidence de de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et sa grande popularité dans le pays, se déploie l’articulation du gouffre persistant entre la méritocratie vue comme aboutissement des pratiques méritocratiques, contre les réseaux patrimoniaux et clientélistes sur lesquels s’est appuyé le régime de Yaoundé ces dernières quatre décennies pour façonner un projet hégémonique de droit d’accès à la propriété et aux ressources nationales; mais surtout comment ces processus définissent notre place et le statut de nos relations dans la société camerounaise.
Il s’agit davantage aujourd’hui de subjuguer le pays entier à travers des inégalités structurelles inscrites dans son ordre social. Il va ainsi sans dire que Samuel Eto’o est devenu une pierre dans les chaussures des pontes du régime qui contestent désormais ouvertement la place que cette dictature assigne à chaque Camerounais ordinaire. Cela remet en question la notion marxiste du prolétariat comme figure de l’avant-garde et de la révolution. La révolution vient en fait du haut et non du bas de la société.
Aussi, Samuel Eto’o a le poids du monde sur ses épaules.
Car il est un méritocrate dans un système gérontocratique médiocre enchâssé dans un grave dérapage cognitif et une déception prévisible. Un monde de répétition nihiliste et dépourvu de sens.
Cette nouvelle frustration s’exprime par le retour de bâton vécu par Samuel Eto’o depuis la clôture de la CAN au Cameroun qui subit désormais un mode particulier de lynchage médiatique et d’élimination de la vie publique pourtant inchangé depuis 40 ans.
La surprise réside surtout de voir ses victimes du moment, à l’instar de Samuel Eto’o et Rigobert Song, jouer les vierges effarouchées après avoir brillé par leur silence, voire approbation tacite, lorsque les mêmes francs-tireurs du dictateur et de ses proches parents (notamment de son fils Frank Emmanuel Biya) broyaient d’autres respectables personnalités de la République, perçues alors elles aussi comme de potentiels concurrents dangereux car populaires ou crédibles à la présidence de la République du Cameroun.
Nous y sommes…aussitôt « le sucre de la CAN » entièrement consommé !
Ce n’est pas faute d’avoir prévenu Samuel Eto’o sur l’ingratitude doublée de cruauté pathologique du tyran de 89 ans qu’il appelle affectueusement « son papa », dont les lieutenants se chargent désormais avec son « feu vert » de mettre à mort cette célébrité du football camerounais, après l’avoir adoubée puis littéralement utilisée pour obtenir l’organisation et le maintien de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Cameroun malgré les reports et les impréparations notoires..
C’est cela le régime de la terreur instauré depuis avril 1984 par Paul Biya au Cameroun …
Soyez néanmoins assurés de notre solidarité, malgré nos trajectoires différentes et même souvent opposées sur la lutte contre cette tyrannie.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Membre fondateur de l’ICL2P et Porte-Parole du CL2P
Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques ICL2P / CL2P
English version
Know your place in Yaoundé
By Olivier J. Tchouaffe PhD, Fellow Member of the ICL2P and Spokesman of The CL2P
As with rise of Samuel Eto’o on top of the Fecafoot, there is now the articulation of an open chasm between meritocracy as a technology of articulation of meritocratic practices against the patrimonial and clientelist network of patronage the regime of Yaoundé has relied upon the last four decades to shape a hegemonic project of right to access to property and resources and how these processes define our place and the status of our relationships in society.
More to subjugate the country through structural inequalities enshrined within its social order. It goes without saying that Samuel Eto’o is a stone in the regime’s shoes for challenging the place the regime assigns to each ordinary Cameroonian. This challenges the Marxist notion of the proletariat as the figure of the Avant Garde and the revolution. Revolution actually comes from the top and not the bottom of society.
So, Samuel Eto’o has the weight of the world on his shoulders.
He is a meritocrat in a mediocre gerontocratic system embedded in a severe cognitive slippage and predictable disappointment. A world of nihilistic repetition and deprived of meaning and direction.
This new frustration is expressed by the backlash experienced by Samuel Eto’o who is now subjected to a special mode of media lynching and elimination from public life that has remained unchanged for 40 years.
There is no surprise, consequently, in seeing the regime’s victims of the moment play the frightened virgins after having shone by their silence, even tacit approval, when the same snipers of the dictator and his close relatives (in particular his son Frank Emmanuel Biya) crushed other respectable personalities of the Republic, then also perceived (like Samuel Eto’o today), as potentially dangerous competitors because popular or credible for the presidency of the Republic of Cameroon.
We are there…immediately after « the sugar of the CAN » has been completely consumed.
It is not, however, for lack of having warned Samuel Eto’o about the ingratitude coupled with pathological cruelty of the 89-year-old tyrant whom he affectionately calls « his dad », whose lieutenants now take charge with his « green light » to put this Cameroonian football celebrity to death, after having dubbed him and even literally used him to obtain the organization and maintenance of the African Cup of Nations (CAN) in Cameroon.
This is the regime of terror established since April 1984 by Paul Biya in Cameroon…
Be assured, however, of our solidarity, despite our different and even opposing trajectories in the fight against this tyranny.
Olivier J. Tchouaffe PhD, Fellow Member of the ICL2P and Spokesman of The CL2P