S’il était mort récemment, grandioses auraient pu être les funérailles de ce Chef de l’État d’Afrique Francophone qui, après Léopold Sédar Senghor du Sénégal, démissionnait volontairement de la Présidence de la République.
Hélas, décédé à soixante-cinq (65) ans, le 30 novembre 1989, Ahmadou Ahidjo a été inhumé dans l’anonymat en terre étrangère. En ce jour mémorable du 30 novembre, nos pensées vont évidemment à sa veuve Germaine Ahidjo, et à tous leurs descendants.
Sans être nostalgiques, une certaine objectivité commande également de restituer la place qui fut la sienne dans la laborieuse et parfois tragique construction d’une Nation au Cameroun.
Ahmadou Babatoura Ahidjo (né le 24 août 1924 à Garoua, Cameroun – mort le 30 novembre 1989 à Dakar, Sénégal) est le premier président de la République du Cameroun. Fils d’un chef foulbé de religion musulmane, Ahidjo est un autodidacte qui a intégré l’administration française comme télégraphiste puis opérateur radio.
Élu à l’assemblée territoriale du Cameroun en 1947, il devient conseiller de l’Assemblée de l’Union française de 1953 à 1958 et président de celle-ci en 1957. Vice-Premier ministre chargé de l’intérieur après l’octroi de l’autonomie interne au Cameroun, puis ministre de l’Intérieur (mai 1957).
Grâce à un passage en force sagement orchestré par Jean Ramadier, haut-commissaire français de l’État du Cameroun sous tutelle des Nations unies, il fait tomber le gouvernement André-Marie Mbida en démissionnant avec la totalité des ministres du Nord qui lui sont fidèles.
Il remplace ainsi André-Marie Mbida à la tête du gouvernement en février 1952. Grâce à son parti l’Union camerounaise, à une constitution taillée sur mesure et l’aide active de l’armée française qui réduit la rébellion de l’Union des populations du Cameroun (UPC) de Ruben Um Nyobe, il est élu en mai 1960 président de la République.
Proclamant l’amnistie des indépendantistes de l’UPC, il réussit à ramener une confiance couronnée par la réunification avec une partie du Cameroun britannique (qui refuse l’intégration au Nigeria après référendum). Le pays devient un État fédéral en octobre 1961.
Ahidjo pense mener un développement économique qui favoriserait l’unification progressive du pays.
Malgré l’opposition du Parti des démocrates camerounais et de l’aile dissidente de l’UPC, il fonde en 1966 un parti unique, l’Union nationale camerounaise (UNC), assigne André-Marie Mbida en résidence surveillée (4). Au début des années 1970, il parvient à réduire substantiellement l’activité insurrectionnelle de l’UPC grâce à des succès militaires dont le jugement expéditif puis l’exécution capitale en 1970 d’Ernest Ouandié, dernier chef historique de l’UPC.
Ahmadou Babatoura Ahidjo est réélu en 1970. Un référendum approuve en mai 1972 une constitution qui fait du Cameroun un État unitaire. Si le président défend à l’extérieur les instances de l’OUA, il se retire cependant, en 1973, de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM).
De façon inattendue, Ahidjo âgé de 58 ans, qui tient le pays d’une main de fer en ayant réduit à néant la contestation de son régime, si forte au début de son règne, décide, tout d’un coup, de se retirer du pouvoir et de céder sa place à son successeur constitutionnel, Paul Biya, le 4 novembre 1982, officiellement pour raisons de santé. Il quitte l’UNC l’année suivante à suite d’une transition devenue conflictuelle.
Après une tentative avortée de coup d’État contre le gouvernement à laquelle il a toujours nié avoir participé le 6 avril 1984, il est accusé et condamné à mort l’année suivante par contumace.
Séjournant alors entre la France, l’Espagne et le Sénégal pendant ces événements, il ne rentra jamais au Cameroun et s’installe au Sénégal. Ahmadou Babatoura Ahidjo y meurt le 30 novembre 1989 et y demeure enterré
Les grands travaux sous Ahmadou Ahidjo (5)
•Barrages hydro-électriques de Edéa (extensions) – Song Loulou – Lagdo
• Barrages réservoir de retenue d’eau Mbakaou – Bamendjin – Maga – Tchidifi Mokolo
• Réseaux électriques interconnectés
Littoral – Sud Ouest – Ouest – Nord Ouest
Littoral – Centre Sud –
Nord – Extrême Nord
Les routes bitumées
Yaoundé – Mbalmayo – Sangmélima 160 km
Yaoundé– Bafia – Bangangté – Bafoussam – Bamenda : 400 km
Yaoundé – Nkolbisson – Zamengoué : 30 km
Douala -N’kongsamba-Bafang- Bafoussam – Foumban : 325 km
Bangangté – Bafang : 50 km
Douala – Edéa – Yaoundé : 240 km
Douala – Tiko- Limbé : 90 km
Mutengene – Kumba : 90 km
Mutengene – Buea : 15 km
Ngaoundéré – Garoua – Maroua : 480 km
Maroua – Mora – Waza – Maltam : 225 km
Maroua – Mokolo : 80 km
Magada – Kaélé – Yagoua : 140 km
Golombé – Guider – Mayo Oulo : 80km
Guider – Bidzar : 30 km
Bogo – Maga : 36 km
Tibati – Ngaoundal : 100 km
Belabo – Bertoua : 90 km
Chemin de Fer
Construction des lignes : Yaoundé – Mbandjock – Nanga Eboko – Belabo – Ngaoundal – Ngaoundéré : 600 km
Mbanga –Kumba : 30 km
Ports et Aéroports
Extension du port de Douala
Construction des aérogares de Douala ; Yaoundé ; Garoua
Construction de l’aéroport de Bertoua
Bitumage des pistes de Douala ; Yaoundé ; Ngaoundéré ; Garoua ; Maroua
Abandon des pistes d’atterrissage de Yagoua ; Kaélé ; Banyo ; Tibati ; Batouri ; Dschang
Enseignement Supérieur
• Création de l’Université de Yaoundé et des Centres universitaires de Douala, Ngaoundéré et de Dschang
• Création de Grandes Ecoles : ENAM, EMIA, ENS, CUSS, INJS, IRIC, Polytechnique, ENS de Police, ENP & T, ENT.P
• Droits d’inscription à l’Université : 3 000 F CFA
• Bourses payées aux étudiants : 25 000 FCFA au moins ; 60 000 FCFA au plus.
Bâtiments publics représentatifs construits
Immeubles ministériels abritant : MINATD Agriculture & Elevage ; Justice & Santé ; MINEFI ; Travail & Sécurité Sociale ; P&T ; Education Nationale & Fonction Publique
Commerce et Industrie ; Eau et Energie; Communication & Culture ; Délégation Gle à la Sûreté Nle ; Assemblée Nationale ; Palais de l’Unité – Siège CNPS – Palais des congrès – Tour CRTV/Mballa II
Cité Bonamoussadi Douala – Maképé Douala – Buea – Garoua – Maroua
Province du Centre; Province du Nord – PTT Garoua – Contr Prov. Finances Garoua
Palais présidentiels: de Buéa – Bafoussam – Douala – Kribi – Garoua – Ngaoundéré – Batchenga – Mont Febé , Maison de la radio Nationale Yaoundé , SIC Cité verte Yaoundé – Grand et petit Messa Yaoundé – Cité des Manguiers Yaoundé – Biyem Assi Yaoundé – Cité Bonamoussadi Douala – Maképé Douala – Buea – Garoua – Maroua – Palmiers Douala – Bassa Douala
Santé publique
Extension Hôpital Central Yaoundé
Extension Hôpital Laquintinie Douala
Extension Hôpital Garoua, Maroua et Ngaoundéré
Construction Hôpital Général Ebolowa
Sport, Arts & Lettres
Construction 4 stades Omnisport : Yaoundé – Douala – Garoua – Bafoussam (inachevé)
1 qualification Coupe du Monde de football
1 médaille d’argent et 2 bronze, Olympiques
Création Prix littéraire de l’Excellence- Fonds de développement de l’Industrie cinématographique –
Musée National – Troupe nationale et Orchestre Nationnal
Entreprises publiques
• Création de :SEMRY – SODECOTON – SODERIM – SOCAME – Mission de Développement de la Plaine de NDOP SODECAO – UCCAO – OCB – ONCPB SOSUCAM – CAMSUCO – CHOCOCAM ZAPI/Est – SCT – MIDEVIV – SACHERIES-CDC – HEVECAM – CELLUCAM – CICAM -SOTUC – MIDEPECHE – SODEPA – Crevettes du Cameroun- SNI – BCD – SCB – BIAO – FONADER – FOGAPE – CAPME – FEICOM –CREDIT FONCIER – FODIC – LABOGENIE – MATGENIE – CERICAM – CIMENCAM – SIC – MIDIMA – SONEL – SNEC – SONARA – CSPH – SNH-CAMAIR – SOCATOUR – CAMSHIP – CNC – SOCAR – CNR – CNPS – TANNERIES
En 2015, ce 30 novembre , 26 ans après le décès d’Ahmadou Ahidjo, que reste-t-il du Cameroun avec son successeur constitutionnel?
À CHACUN D’EN JUGER!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques du Cameroun (CL2P)
Source: Bidja’a Engozo’o Alphonsine, Camer.be