D’après le rapport sur l’état des droits de l’homme au Cameroun en 2014, le professionnalisme des forces de défense dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram n’a pas occulté les nombreuses violations des droits de l’homme dont elle est accusée. Le rapport de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés a été rendue public ce mercredi 3 décembre 2015.
« L’armée camerounaise a réussi à endiguer les attaques de Boko Haram », se félicite la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl) dans son rapport sur l’état des droits de l’homme au Cameroun en 2014. La cérémonie de publication de ce rapport a eu lieu ce mercredi 3 décembre 2015 à Yaoundé.
D’après ce rapport de la Cndhl, « malgré le professionnalisme dont les forces de défense et de sécurité font preuve, les allégations de violations des droits de l’homme les mettant en cause ont été porté à sa connaissance (celle de la commission, ndlr) ». Et le document d’égrener entre autres les perquisitions intempestives dans les domiciles privés sans mandat de justice, le rançonnement des usagers de la route, l’extorsion des fonds aux populations Bororos désireuses de se faire établir une carte d’identité.
Exactions de Boko Haram
En page 12 et 13 de la version française, le rapport fait état fin décembre 2014 des cas d’arrestations et de séquestrations, de disparitions forcées et de décès des détenus. La commission cite comme exemple le cas des 70 personnes interpellées le 27 décembre 2014 par l’armée. Ces derniers, à en croire le rapport, ont été enfermés dans un magasin à la légion de gendarmerie de l’Extrême-Nord. Le lendemain, au moment de les sortir, 25 ont trouvé la mort, peut-on lire dans le document.
La Cndhl n’épargne pas Boko Haram coupable, elle aussi, de nombreuses atteintes aux droits humains : « l’on relève également des embuscades sur les routes, des égorgements, des rapts récurrents d’étrangers et de nationaux, le vol de bétail, le dépôt des mines anti-personnelles sur les axes routiers… », déplore le rapport (P9).
Loi anti-terroriste
S’agissant de la loi anti-terroriste votée le 4 décembre 2014 à l’Assemblée nationale, la Cndhl pense dans son rapport que depuis 1987, malgré le prononcé de la peine capitale par les juridictions compétentes, il n’a été procédé à aucune exécution au Cameroun : « il est prématuré d’émettre un jugement de valeur sur les limites et le caractère liberticide de ce texte car c’est dans son application que d’éventuelles dérives peuvent être relevées et corrigées », conclut le rapport.