Dans la dernière enquête Afrobaromètre, ils reprochent au gouvernement l’absence d’emplois, l’insécurité alimentaire, les mauvaises routes, la corruption, la vie chère, etc.
Que le gouvernement du Cameroun ne s’y trompe pas. Le peuple en est encore à lui demander de satisfaire ses besoins primaires; comme manger, se soigner, avoir de l’eau et l’électricité, accéder aux services d’assainissement. En plus, les Camerounais veulent circuler sur des routes ou bénéficier de marchés locaux. Surtout, ils veulent des emplois. Or, rien de tout ceci n’est garanti, du moins pas de manière à satisfaire la majorité de la population. C’est le constat du dernier sondage d’opinions réalisé au plan national par l’université de Yaoundé 2 pour le compte de l’organisation panafricaine Afrobaromètre.
En résumé, 55% des Camerounais interrogés pensent que le gouvernement gère mal l’économie, car celle-ci n’a qu’un impact limité sur la vie de la population. De manière globale, 75% des Camerounais jugent mauvaise la politique d’amélioration des conditions de vie. Alors que le gouvernement proclame son engagement à lutter contre la vie chère, 71% de la population constate l’incapacité des gouvernants à stabiliser les prix. Ils sont 61% insatisfaits par la fourniture des services d’eau et d’assainissement. L’entretien des routes et des ponts reste un problème à résoudre selon 59% des Camerounais, et 58% pensent pareillement sur la fourniture d’électricité. Ils sont 55% qui critiquent la volonté affirmée de créer des emplois.
Tout le monde n’est guère logé à la même enseigne en matière de conditions de vie. Et les Camerounais accusent le gouvernement sur ce point. D’ailleurs, ils sont 75% à affirmer que la politique de lutte contre les inégalités est mauvaise. Ils sont autant pour qui il y a échec dans l’amélioration des conditions de vie des pauvres. Pour 64% des sondés, le gouvernement mène mal sa politique de sécurité alimentaire pour tous. Toujours à propos d’inégalité, un sentiment de frustration demeure lié au sort de l’arrière pays camer.be, car 66% des sondés critiquent par exemple l’entretien des routes locales par les communes. Tout comme 53% s’interrogent sur le sort des marchés locaux. Les seuls domaines sur lesquels le gouvernement trouve répit aux critiques des Camerounais, ce sont la santé, l’éducation et la sécurité. Sur les efforts fournis, l’appréciation générale est au dessus de la moyenne. Mais le taux maximum de 62% témoigne qu’il y a encore beaucoup d’attentes.
Si les Camerounais sont si insatisfaits du gouvernement, ils font par contre peu de reproches au président de la République. Et même que 66% des personnes interrogées pensent que Paul Biya a bien exécuté son mandat en 2014. Seulement, l’enquête ne dit pas ce qu’elle entend par mandat. Peut-être faut-il voir dans ce résultat, l’état de grâce dont jouit le président de la République au sein de la population. Ce qui confirme la réalité d’un pays où un discours a été construit sur la défaillance d’une classe gouvernante à l’exception de son chef. Et on le voit bien, car il n’y a pas eu d’état de grâce pour le Sénat en place depuis seulement 2 ans. Seulement 42% d’enquêtés affirment que les députés et les sénateurs ont bien exécuté leur mandat en 2014. C’est toute l’institution parlementaire qui peine à obtenir la confiance de la moitié du peuple.
Idem pour Elecam, l’organe en charge des élections. Les conseillers municipaux ne récoltent que 39% d’avis favorables. Même les chefs traditionnels et les chefs religieux sont moins bien jugés que le président de la République. A l’évidence, il s’agit bien de la côte de popularité d’un individu appelé Paul Biya et non d’une institution, car même les partis de mouvance présidentielle dominée par le Rdpc ne récoltent que 39% d’avis favorables. Toutefois, deux institutions viennent concurrencer la satisfaction accordée au chef de l’État. Il s’agit de la police et de l’Armée. Et même que celle-ci demeure l’institution en laquelle les Camerounais ont le plus confiance depuis la précédente enquête Afrobaromètre réalisée en 2013. En 2015, l’Armée atteint les 70% de faveurs, contre 50% pour la police. Le contexte sécuritaire actuel peut alors permettre de comprendre que les Camerounais soient ralliés derrière leurs forces de défense et de sécurité.
© Le Jour : Assongmo Necdem