En visite au Cameroun, la directrice générale du Fonds monétaire international estime que le choix des autorités d’instaurer des incitations et des régimes dérogatoires pour attirer les investisseurs n’est pas judicieux. Elle leur conseille aussi d’investir dans des infrastructures à valeur ajoutée, au lieu de “multiplier les projets indéfiniment”.
Un toast pour asséner quelques critiques, notamment à propos de l’environnement des affaires. « Un choix judicieux des affaires s’impose », a lancé Christine Lagarde à Paul Biya dans un discours tenu à l’occasion du dîner offert à la patronne du FMI par le président camerounais, le jeudi 07 janvier, en présence de membres du gouvernement camerounais, des ministres des Finances de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), de Pierre Moussa, président de la commission de la Cemac, et de Abaga Nchama, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac).
« Tous les efforts du gouvernement pour faciliter l’essor économique ne pourront porter des fruits sans une amélioration du climat des affaires. Je veux parler d’une nouvelle philosophie de l’encouragement des forces vives du Cameroun et non pas l’introduction de nouvelles incitations financières, de régimes dérogatoires ou de forums d’investissement lancés à grand renfort de publicité », a asséné la directrice générale du FMI (selon le texte de son discours parvenu à Jeune Afrique) en faisant référence, entre autres, à la généreuse loi de 2013 sur les incitations à l’investissement.
« Il convient de se concentrer sur les infrastructures essentielles, sur les projets bien avancés, au lieu d’en multiplier indéfiniment », a recommandé la patronne du FMI.
Infrastructures essentielles
Christine Lagarde s’est certes félicitée des investissements effectués ces dernières années dans les infrastructures de base aux effets structurants, en citant le port en eau profonde de Kribi et le barrage de Lom Pangar.
La dirigeante du FMI suggère cependant aux autorités de Yaoundé de sélectionner dorénavant les projets à la valeur ajoutée avérée. « Il faut se résoudre à admettre que malgré les besoins, on ne peut pas tout faire tout de suite. Il convient de se concentrer sur les infrastructures essentielles, sur les projets bien avancés, au lieu d’en multiplier indéfiniment », conseille-t-elle encore.
Selon les estimations du FMI, la croissance dans la zone Cemac devrait être de 2 % en 2015, soit 40 points de base en dessous des 2,4 % annoncés par la BEAC en décembre dernier.