À l’instar du chanteur engagé Lapiro de Mbanga mort en exil aux États-Unis d’Amérique un an après avoir purgé trois années (03) de séquestration inhumaine à la prison de New Bell de Douala, l’ancien Ministre Mounchipou Seidou n’aura pas eu le temps de jouir de sa liberté après 14 années d’incarcération à la prison centrale de Kodengui à Yaoundé.
L’espérance de vie des anciens pensionnaires des prisons mouroirs du régime de Yaoundé – communément présentées aux camerounais comme des cellules de luxe et VIP – n’excéderaient ainsi pas deux (02) à trois (03) années.
La nouvelle du décès à Paris de suite de maladie de cet ancien ministre des postes et télécommunications, incarcéré le même jour – un certain 03 septembre 1999 – que mon père Pierre Désiré Engo, m’a littéralement tétanisé. Elle m’attriste d’autant que ce monsieur était plus jeune que mon père et toutes les informations recoupées au cours de leurs éprouvantes années d’incarcération, me permettent d’affirmer qu’il fut surtout la victime collatérale voire l’alibi moral ou républicain du règlement de comptes politiques sur fond de rivalités régionales qui était et demeure à la principale raison des déboires judiciaires de Pierre Désiré Engo au Cameroun.
Il fallait en effet dès 1999 donner l’illusion trompeuse d’un État de droit impartial, donc d’une opération dite épervier pas à tête chercheuse et qui ne cible pas ses proies en fonction de leur origine régionale, ethno-tribale, religieuse, ou de leur rang dans le sérail politique camerounais. Mounchipou Seidou fut ainsi bien malgré lui la cible de choix d’un embastillement politique qui allait bien au-delà des accusations de détournement de deniers publics (avérées ou fallacieuses) brandies contre lui.
Que la terre du Cameroun soit plus légère et clémente à cet homme qui aura ainsi payé 15 ans de sa courte vie (65 ans) pour une incarcération alibi, dans un pays où la corruption des notables est une seconde nature.
Paix à son âme.
Joël Didier Engo
Président du CL2P