Depuis 20 ans, on attend l’application de l’article 66…Non evidemment ! Pourtant, l’obligation est inscrite dans la Constitution. De manière claire et nette ! Depuis le 18 janvier 1996, le président, les ministres et tous les gestionnaires publics sont astreints à donner, pour des raisons d’éthique, l’information la plus complète sur leur patrimoine.
Cette question aurait donc, comme d’autres tout aussi fondamentales, dû avoir une réponse depuis deux décennies. Entre inertie, temps élastique et horloge du monarque, le flou est entretenu et les fortunes aussi rapides que scandaleuses et amorales, sont la norme, faisant des hauts fonctionnaires, entre autres, l’une des catégories parmi les plus riches au Cameroun.
Dans une République qui se veut exemplaire, le chef de l’État a pris le raccourci pour lutter contre la corruption, préférant le sensationnel de l’Opération Épervier et la prison à tête chercheuse, à l’application d’une disposition aux allures symboliques mais à l’efficacité redoutable sous d’autres cieux.
A côté des structures comme la CONAC ( Commission nationale anti-corruption ), l’ANIF ( Agence nationale d’investigation financière ), du TCS (Tribunal criminel spécial ), et de la Chambre des comptes, l’esprit de l’article 66 aurait donné un bol d’air à ceux qui pensent à juste titre qu’il est urgent qu’un véritable arsenal législatif contre l’enrichissement illicite soit pensé, articulé et effectif.
Dès lors l’administration fiscale et le Contrôle de l’État disposeraient d’outils pour mieux examiner les situations, mesurer les écarts, sonder les signes extérieurs d’enrichissement sans cause, et refonder la morale publique, de triste réputation internationale.
De toutes les réalisations, pour un régime reposant dans son discours constitutif sur la rigueur et la moralisation, la mise en application de l’article 66, serait ainsi l’une des plus ” Grandes “.
Sinon, entre-temps, le président a trouvé bon et utile pour son maintien de faire sauter le verrou de la limitation de mandat, lui pavant le chemin d’un règne infini, de mettre en place un Sénat qui se cherche, errant de sites en rivalité avec l’Assemblée nationale, n’ayant pas levé toutes les interrogations sur le cas épineux de l’hypothèse d’une vacance à la tête de l’État.
Au tiroir aussi, un Conseil constitutionnel d’une absolue nécessité et des conseils régionaux, faîte de la décentralisation de l’État consacrée dans le préambule de la Loi fondamentale.
À suivre
Par ABDELAZIZ MOUNDE, Journaliste