La classe politique s’éteint à petit feu, débats sur le prix à payer pour les obsèques officielles
Le Cameroun vient de perdre, 5 hauts commis de l’État, et vétérans de la politique, en moins d’une semaine.
Le 16 janvier 2016, l’on apprend la mort de Bouba Danki, un vieux routier de la politique, sénateur suppléant de la région de l’Extrême-Nord. Il quitte la scène à plus de 80 ans, certains lui attribuent 90.
Plus tard en soirée, les médias d’État annoncent le décès de Sadjo Dorien, un haut commis de l’État. Ancien préfet de la Bénoué (Nord) et de la Sanaga-maritime (Littoral), il est décédé à Yaoundé le samedi 16 janvier, après quelques jours de maladie.
Originaire de Midjivin, dans le département du Mayo-Kani, il avait pris sa retraite il y a quelques années.
Le 18 janvier, des camerounais, apprennent le décès de l’ancien ministre des postes et télécommunications, Mounchipou Seidou. Une des premières victimes de l’«épervier », opération d’assainissement des mœurs publiques. Il avait quitté le pénitencier de Kondengui, le 26 février 2014, après 15 ans de prison. Il avait été condamné pour détournement de deniers publics, impliquant près de 400 marchés. Il meurt à plus de 65 ans.
Un jour plus tard, dans la matinée du 19 janvier 2016, Jean Pierre Nana, directeur de la Protection civile au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MinatD), décède. Le haut commis de l’État, quitte la scène suite à un AVC.
En soirée, l’on apprend le décès d’Ousmane Mey. A plus de 90 ans, il était le Président du conseil d’administration (Pca), de la Cnps, la société d’État qui gère le volet de la sécurité sociale. Il occupait ce poste, depuis… le 18 décembre 1991.
Il aura été un Homme clé du système Ahidjo (premier président du Cameroun indépendant). Homme de poigne, il a été entre 1972 et 1983, le tout puissant gouverneur de la province du Nord (régions actuelles de l’Adamaoua, Extrême-Nord et Nord créées en 1983 par Paul Biya).
L’âge des dirigeants camerounais, inquiète
Combien vont coûter les obsèques officielles des hauts dignitaires camerounais, dans les prochaines années ? S’interrogent en filigrane les nombreux observateurs de la scène politique camerounaise.
La question de l’âge des dirigeants camerounais, est chaque jour encore plus, d’actualité dans un pays, où des septuagénaires et octogénaires tiennent fermement les rênes, et n’envisagent pas de les laisser, à une jeunesse qui bouillonne d’impatience.
Tenez dressons une liste non exhaustive:
Paul Biya, chef de l’État, bientôt 83 ans, plus de 54 ans de présence dans le sérail.
Niat Njifenji Marcel, président du Sénat, 82 ans.
Cavaye Yeguie Djibril, 76 ans, président de l’Assemblée nationale depuis bientôt trois décennies.
Ayang Luc, 69 ans, président du Conseil économique et social (CES), 4e personnalité de l’État.
Martin Belinga Eboutou, 76 ans, directeur du cabinet civil de la présidence, homme à tout faire du chef de l’État, véritable numéro 2 du régime.
Mbarga Nguelé, 84 ans, patron de la police.
Adolphe Moudiki, 78 ans, dg de la Snh (société nationale des hydrocarbures).
René Claude Meka, 76 ans, chef d’Etat-major général des armées.
William Aurélien Etéki Mboumoua, 83 ans, patron de la croix rouge camerounaise, déjà ministre en 1961.
Laurent Esso, 72 ans, ministre de la justice.
Dipanda Mouelle Alexis, ancien président de la Cour suprême 74 ans, envoyé à la retraite il y a quelques mois, aurait intenté une action contre l’État, selon de nombreux médias.
Amadou Ali, 73 ans, vice-Premier ministre en charge des Relations avec les assemblées.
Tsimi Evouna Gilbert 72 ans, délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé.
Jean Nkueté, 72 ans, secrétaire général du comité central du Rdpc (le parti au pouvoir).
Hamadjoda Adjoudji, 79 ans, Pca de sociétés parapubliques. Il a la palme d’or de la longévité au gouvernement.
On les retrouve aussi dans l’armée, comme le général Semengue Pierre , 81 ans, contrôleur général des armées.
Et dans l’opposition, à l’instar de John Fru Ndi, 75 ans, président national du Sdf.
Adamou Ndam Njoya, 74 ans, président d’un parti de l’opposition. Parfois, ils sont rappelés après plusieurs années loin des affaires.
Il y a quelques jours, Philippe Menye Me Mvé, 79 ans, ancien ministre de la défense, dans une interview accordée à un quotidien privé, demandait à Paul Biya de ne pas « l’oublier ».
Par Armand Ougock, koaci.com
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