Le parlement camerounais, très largement dominé par le RDPC et qui n’est pas à une ignominie près, a procédé jeudi 04 décembre 2014 à l’adoption d’une nouvelle loi dite antiterroriste.
Ce texte aurait pu être heureusement accueilli, au moment où notre pays voit ses frontières être quotidiennement violées par des criminels de toutes sortes. Certains sont regroupés sous les drapeaux fallacieux de la religion dévoyée, et conjuguent obscurantisme avec crimes crapuleux. D’autres, rebelles aux revendications obscures, ont choisi la voie des armes, pour se faire entendre dans leur propre pays. Cependant, l’histoire ayant fait de nous leurs voisins, leurs actions violentes débordent chez nous, semant mort et désolation.
Suivant la voie tracée par d’autres pays confrontés à la menace terroriste multiforme, il est dès lors légitime pour le Cameroun de renforcer sa législation en matière de lutte contre le terrorisme, contre ceux qui sapent sa souveraineté et son intégrité territoriale, massacrent et pillent ses citoyens, frappent indifféremment le soldat et le civil, la veuve et l’orphelin.
Cependant, la loi N°962/PPJL/AN portant répression des actes de terrorisme va au-delà de la légitime répression du terrorisme, et brime l’exercice des libertés fondamentales individuelles et collectives, qu’elle punit de la peine de mort, au même titre que le dépôt des bombes ou le détournement des avions.
Il s’agit d’une loi liberticide puisque qu’elle punit «de la peine de mort, celui qui, à titre personnel, en complicité ou en coaction, commet tout acte ou menace d’acte susceptible de causer la mort, de mettre en danger l’intégrité physique, d’occasionner des dommages corporels ou matériels, des dommages aux ressources naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel dans l’intention :
a) d’intimider la population, de provoquer une situation de terreur ou de contraindre la victime, le gouvernement et/ou une organisation nationale ou internationale, à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque ou à adopter ou à renoncer à une position particulière ou à agir selon certains principes;
b) de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation des services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations;
c) de créer une insurrection générale dans le pays» (article 2 du projet de loi)
Elle fait ainsi potentiellement des plus de 22 millions d’âmes de notre pays, des terroristes potentiels. Elle peut favoriser une stigmatisation et une catégorisation abusive de certains groupes par des personnes tapies dans l’ombre et qui nourrissent des desseins funestes pour le Cameroun.
Le contexte dans lequel ce texte est arrivé sur la table du parlement ne saurait laisser personne indifférent.
En effet, quelques jours après le valeureux soulèvement de la jeunesse burkinabè qui a réussi suite à un travail extraordinaire de la société civile et de certains partis politiques de l’opposition à mettre un terme à la dictature du régime Compaoré, les chef d’État africains, notamment le régime de Biya ont dû affronter les propos du président français Hollande avant et pendant le sommet de la francophonie qui se tenait à Dakar.
Deux jours avant l’ouverture du sommet, interviewé par des journalistes français, François Hollande soulignait : « Je pense, a dit le président français, que ça peut servir de leçon à beaucoup de chefs d’État (…) On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel. « Quand un chef d’État reste plusieurs mandats de suite alors même qu’à un moment il est fixé une limite d’âge ou il est fixé un nombre de mandats qui ne peut pas être dépassé, il ne peut pas en être décidé autrement ».
À l’ouverture du sommet, il enfonçait à nouveau le clou : «Ce qu’a fait le peuple burkinabè, doit faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel. Parce que ce sont les peuples qui décident. Ce sont les élections qui permettent de savoir qui est légitime et qui ne l’est pas ». La délégation camerounaise, présente au sommet n’avait certainement pas apprécié. Quelques jours après Dakar, la fameuse loi antiterroriste était déposée sur la table des députés. Rien de surprenant pour Paul Biya, un homme âgé de 81 ans, 32 années de pouvoir suprême et plus de cinquante ans de haute administration et qui affiche sa volonté de mourir au pouvoir.
On a vite compris que ce ne sont pas les Boko Haram ou les rebelles centrafricains qui sont véritablement visés, mais le peuple camerounais dans son ensemble, qui se voit privé de tout droit à manifester, même pacifiquement, pour protester contre les décisions qui ne l’arrangeraient pas. Cette loi, notamment son article 2 ouvre la possibilité à un gendarme, un policier, un magistrat ou encore délateur de l’instrumentaliser à des fins de règlement de compte.
On a vite compris, que cette loi vise réellement à régler le problème de la succession de Paul Biya, dont le long et ruineux règne s’approche irrésistiblement de sa fin, en imposant au peuple un homme qu’il n’aura pas choisi, et en lui interdisant d’avance, sous peine de mort, de manifester sa désapprobation.
L’objectif est clair et avoué : Tuer toute possibilité d’alternance ou de transition démocratique au Cameroun.
Rien de surprenant pour une classe politique dont la moyenne d’âge est de 70 ans et qui a largement contribué à la paupérisation des masses. Mais, cette fois-ci, la roue de l’histoire semble ne plus tourner en faveur du régime de Yaoundé.
Cette tentative de manipuler la lutte contre le terrorisme a très vite été débusquée. Le Cameroun tout entier n’a pas sombré dans le sommeil léthargique auquel le régime liberticide de Paul Biya tente depuis 32 ans de le contraindre, en lui administrant massivement ses soporifiques déguisés en lois opportunistes et menaces diverses.
Des leaders de l’opposition, ceux du MRC, du CPP, du MANIDEM, de l’UDC et d’autres formations politiques et acteurs de la société civile à l’instar de DYNAMIQUE CITOYENNE ont vaillamment soulevé le drapeau de l’union sacrée face à cette dernière imposture de Paul Biya et sa clique. Avec courage, ils ont décidé de lever devant leur face le miroir de la vérité et de l’intérêt du peuple, pour qu’ils puissent y voir les traits hideux de leur dernière saillie liberticide.
Ces représentants du peuple montrent l’unique voie à suivre aujourd’hui. Ils déblaient le noble chemin de la démocratie jadis tracé par nos valeureux ancêtres, les Um Nyobé, Ernest Oundié, Felix Rolland Moumié, Ossendé Afana, et d’autres, qui ont offert leur sang pour fertiliser le champ de la liberté et de la dignité du peuple camerounais.
Nous tous qui avons le Cameroun comme seul bien commun, comme seul projet à réaliser pour notre propre bonheur et celui des générations futures, devons-nous faire front commun avec eux, pour faire barrage au dangereux projet des vrais ennemis du peuple, qui agissent sous le masque de la sécurité nationale.
Ils contrôlent les institutions mais ne contrôlent pas la volonté du peuple.
L’union sacrée contre cette loi liberticide n’est plus seulement le combat pour la préservation du peu de liberté acquis de haute lutte et au prix du sang depuis notre indépendance. C’est un appel de l’histoire, le moment d’un changement radical. Les ennemis de la nation, pour la plupart regroupés sous la bannière enflammée du RDPC savent que leurs beaux jours sont désormais derrière eux. Ces apôtres de l’imposture voyant la tromperie sapée dans ses fondements, l’édifice de l’immobilisme et de la régression qu’ils ont patiemment élevé penchant sur ses ruines, prêts à l’ensevelir sous ses décombres, tentent un dernier effort pour en réparer les brèches et perpétuer leur domination. Mais leur projet est d’avance voué à l’échec, et c’est notre action collective contre eux qui sera couronnée de succès.
C’est dans ce contexte historique, et politiquement tendu, que nous avons décidé de mettre sur pieds su Le Mouvement pour l’Alternance au Cameroun (MAC).
Mouvement citoyen, le MAC rassemble des Camerounais volontaires, qui observent les progrès du monde qui n’épargnent pas l’Afrique et sont soucieux du devenir de notre pays. Ils ont les yeux et le cœur braqués sur le retour de celui-ci à sa place dans le concert des nations civilisées. Ils rêvent d’une société plus juste, plus égale et dont ses fils en seront fiers.
Le MAC est une plate-forme qui se donne pour mission de définir les voies et moyens de nature à inverser le rapport de force pour une alternance politique pacifique au Cameroun.
Le MAC est un mouvement qui regroupe des acteurs politiques, chercheurs, journalistes, acteurs de la société civile, activistes, avocats, médecins, diplomates.
Il s’agit d‘un rassemblant de personnes de tous les bords ayant pour objectif une alternance au sommet de l’État camerounais.
Le MAC est déterminé à mettre sur pied toutes les stratégies politiques, les actions et moyens de nature à faire de lui une force de soutien déterminante pour le changement au Cameroun.
Comme on l’a vu ailleurs, notamment avec la révolution pacifique qui a mis fin à 27 ans de dictature au Burkina Faso, il n’y a qu’une telle dynamique pour provoquer effectivement une alternance politique dans notre cher et beau pays. En effet, la dictature ne s’arrête jamais toute seule. Les dictateurs sont toujours contraints de quitter le pouvoir.
La jeunesse camerounaise, dont nous faisons majoritairement partie est aujourd’hui en droit de demander des comptes au régime Biya. Désorientée par des décennies de navigation politique à vue, elle rêve d’un autre Cameroun. Et celui-là sans Paul Biya comme président, ni quelqu’un d’autre qui aurait été imposé. Elle veut se choisir pour chef, par la voie des urnes, quelqu’un qui saura mettre de l’ambition dans ses rêves.
Ensemble, nous y arriverons. Que notre action soit maintenant couronnée de succès.
Contact: communication.mac2018@gmail.