Maintenant qu’il a pu envoyer son principal adversaire et opposant M.Gbagbo “en exil” à la CPI durant toutes ses années de Présidence – avec la complicité d’une certaine communauté internationale, M. Ouattara peut désormais s’engager à ne plus en envoyer d’autres, assurant par la même occasion une certaine impunité à tous les rebelles sanguinaires qui l’ont porté au pouvoir, dont M. Guillaume Soro, actuel Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.
Bien triste image donnée de soit-disant démocrates africains.
Et comment s’étonner après que les peuples d’Afrique dans leur écrasante majorité soient favorables au retrait de leurs États respectifs d’une institution internationale (la CPI) qui a pourtant toute sa raison d’être, si l’on veut précisément en finir avec cette tentation de conserver souvent à vie le pouvoir sur le continent en massacrant les populations civiles, à l’instar de la situation alarmante qui prévaut au Burundi.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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Ouattara : «Je n’enverrai plus d’Ivoiriens à la Cour pénale internationale»
Le président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé jeudi qu’il «n’enverrait plus d’Ivoiriens» à la Cour pénale internationale (CPI), estimant que son pays avait désormais une «justice opérationnelle», à l’issue d’une rencontre à Paris avec le président François Hollande. L’adversaire d’Alassane Ouattara lors de la présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo, et le chef de milice Charles Blé Goudé comparaissent actuellement devant la CPI pour leur rôle présumé dans la crise post électorale qui avait fait plus de 3 000 morts en 5 mois. Mais aucun membre du camp Ouattara n’a encore été inquiété par la Cour.
«Nous attendons la manifestation de la vérité. Nombreux sont ceux en Côte d’Ivoire qui estiment que justice doit être rendue. Le plus tôt sera le mieux», a déclaré à la presse le président Ouattara, à propos du procès en cours à La Haye. Alors que les partisans de Laurent Gbagbo estiment que la CPI tarde à enquêter sur les auteurs des violences au sein du camp d’Alassane Ouattara et dénoncent une «justice des vainqueurs», le président ivoirien a rejeté l’accusation. «Je ne sais pas ce que veut dire “justice des vainqueurs”, la justice est la même pour tous», a-t-il assuré. Mais désormais, les procès se tiendront devant la justice ivoirienne, a souligné le chef de l’Etat. «Je n’enverrai plus d’Ivoiriens à la CPI», a-t-il insisté.
«La CPI a joué le rôle qu’il fallait. A la sortie de la crise électorale, nous n’avions pas de justice, le pays était totalement en lambeaux (…) maintenant nous avons une justice qui est opérationnelle et qui a commencé à juger tout le monde sans exception. Ces procès commenceront très rapidement et je souhaite que ça aille plus vite que la CPI», a-t-il lancé. Alassane Ouattara avait déjà refusé de livrer à la CPI Simone Gbagbo, épouse de Laurent, malgré plusieurs requêtes de la Cour. Jugée en mars 2015 à Abidjan, l’ancienne Première dame a écopé de 20 ans de prison. Des membres de l’opposition accusent Alassane Ouattara de ne pas avoir livré Simone Gbagbo afin de pouvoir refuser par la suite l’extradition à La Haye de ses partisans.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait assuré la semaine dernière devant les juges de Laurent Gbagbo que ses services enquêtaient «sur les deux côtés du conflit (…) cela prend du temps et nous demandons de la patience». La Côte d’Ivoire n’envisage pas de se retirer de la CPI, a souligné Alassane Ouattara. Dimanche, les dirigeants africains réunis au siège de l’Union africaine à Addis Abeba ont soutenu l’idée d’un retrait commun de la CPI, lui reprochant de «s’acharner» sur l’Afrique. «Ce qu’il faudrait c’est que l’Union africaine mette en place une Cour africaine qui puisse juger les Africains en Afrique», a estimé le président ivoirien.
Par AFP