Tous les bailleurs de fonds, les agences de développement, les ONG et même les sociétés d’audit le disent : l’amélioration de la condition des femmes est indissociable de la croissance africaine.
Il y a d’abord ces chiffres, égrenés au fil des rapports. Les femmes produisent 80 % des ressources alimentaires du continent, mais n’y possèdent que 15 % des terres.
Tout aussi frappant : la production agricole du Burkina Faso, selon la Banque mondiale, augmenterait de 20 % si l’on procédait à un échange des terres cultivées entre mari et femme. Autrement dit : les hommes se gardent les meilleures terres, mais travaillent moins que leur épouse – 96 minutes de moins chaque jour, rapporte Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique.
De fait, les Africaines sont plus fiables que les hommes pour rembourser leur microcrédit, créent plus d’entreprises, sont moins concernées par les affaires de corruption et consacrent une plus grande part de leurs revenus au bien-être de leurs enfants et de leur communauté.
Pourtant, elles continuent de subir une discrimination juridique et sociale en matière de propriété foncière, de succession, d’instruction, d’accès au crédit ou aux technologies, sans parler des violences dont elles sont les premières victimes, en particulier sexuelles.
Des personnalités exceptionnelles
Malgré la chute des cours des matières premières, des économies du continent continuent de croître, et les pays qui ont fait une place aux femmes s’en sortent mieux. Au Rwanda, elles occupent 51 des 80 sièges de l’Assemblée nationale. En Côte d’Ivoire, elles dirigent 60 % des entreprises. Au Sénégal, la loi sur la parité déploie ses effets.
Par Serge Michel (rédacteur en chef du Monde Afrique) et Jérôme Fenoglio (Directeur du “Monde”)
LE MONDE