Livre: “Mensonges d’Etat, déserts de République au Cameroun”,
Urbain Olanguena Awono, Prisonnier Politique
Editions du Schabel, 2016
«Le peuple camerounais et la classe politique gouvernante sont confrontés à la problématique, devenue tragique, de la succession du président de la république actuel, monsieur Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, dans un système politique qui a l’apparence d’une démocratie, mais qui ne fonctionne pas démocratiquement. En clair, le Cameroun n’est pas encore une vraie démocratie.
Dès le lendemain de l’élection présidentielle de 2004 qui aurait dû être la dernière pour le Chef de l’État actuel qui se présentait, espérait alors tout le peuple, pour un ultime deuxième mandat conformément à la constitution de 1996 limitant le mandat présidentiel à deux septennats, les basses manœuvres pour sa succession à l’échéance 2011 ou sa reconduction au-delà ont commencé. Le principe pour ceux qui ont engagé ce jeu de massacre élitaire sans précédent, était l’élimination, avec la caution évidente de l’acteur principal, de tous ceux qui pouvaient représenter pour lui-même des concurrents potentiels dans la perspective d’une révision constitutionnelle faisant sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. La plupart des victimes de cette logique politique de l’élimination en comprendront trop tardivement les ressorts au moment où malheureusement tout s’accéléra pour leur triste sort.
Nombre de meurtres et de règlements de comptes politiques au cours des dernières années trouvent leur explication dans tant de logiques de succession qui traversent la vie politique camerounaise toujours autour de quatre conflictualités constantes: la conflictualité de la compétence, la conflictualité de la confiscation, la conflictualité de générations, et la conflictualité ethno-régionale ».
« Le mal est en effet très profond et grave. Sa racine dans le système est ancrée dans les officines à l’oeuvre autour et au service des proches du chef de l’État qui, encerclé et isolé des réalités, ne contrôle presque rien. Dans ces conditions, ses décisions mal informées servent moins l’intérêt du pays que les intérêts de ceux qui le manipulent. Les constructions politiques de cette caste de manipulateurs lui échappent car ils ont compris qu’ils doivent fonctionner à la théorie permanente du complot pour lui faire peur pour son propre maintien au pouvoir, et obtenir ainsi tout ce qu’ils veulent. »
(Urbain Olanguena Awono, “Mensonges d’État, déserts de République au Cameroun”, Editions du Schabel, 2016)