Hama Amadou suivra le second tour de l’élection présidentielle nigérienne depuis un hôpital français. Paris a confirmé, mercredi 16 mars, qu’elle s’apprête à accueillir, pour des raisons humanitaires, l’opposant nigérien malade, qui était détenu depuis quatre mois dans son pays.
Contraint de faire campagne depuis sa cellule, Hama Amadou s’était qualifié pour le second tour en obtenant 17,79 % des suffrages contre 48,41 % au président sortant. Lundi, son médecin a déclaré sur plusieurs télévisions privées que son patient avait été hospitalisé après « l’aggravation » de son état de santé à Filingué, localité où est située sa prison. Le ministère des affaires étrangères français n’a pas précisé dans quel hôpital ou unité de soins serait soigné l’opposant nigérien.
« Fatigue générale »
L’opposant aurait reçu les premiers soins dans « une salle aménagée » à l’hôpital de district, selon le porte-parole du gouvernement et ministre de la justice lors d’un point de presse mardi. « Pour une maladie chronique » dont « souffre M. Amadou depuis trois ans », il faut « l’évacuer dans un centre spécialisé ». Or un tel centre « n’existe pas à Niamey », avait-t-il souligné. D’après le rapport d’une équipe de spécialistes dépêchée à Filingué, il souffre de « fatigue générale ».
Hama Amadou est poursuivi pour une affaire de trafic d’enfants contestée qui empoisonne le climat politique nigérien depuis deux ans. Sa libération a été plusieurs fois réclamée par l’opposition pour qu’il puisse mener campagne et affronter en « toute régularité » le président sortant Mahamadou Issoufou. La cour d’appel de Niamey, qui a examiné lundi une demande de remise en liberté provisoire, doit rendre sa décision le 28 mars.
Arrivé troisième au premier tour de la présidentielle de 2011, Hama Amadou avait permis l’élection de Mahamadou Issoufou au second tour de la présidentielle au détriment de son ami d’enfance, Seïni Oumarou, devenu président de l’Assemblée nationale. Il a rejoint l’opposition fin 2013 et a quitté le pays fin août 2014 après avoir été impliqué dans l’affaire de trafic d’enfants. En novembre 2015, il regagne le pays après un an d’exil en France et est arrêté à Niamey puis écroué à Filingué.