La mort ne dit plus rien aux Camerounais. Elle est à la maison, au bureau, à l’hôpital, dans le taxi, sur l’axe lourd. La mort est partout au Cameroun. A la limite on pourrait dire qu’elle fait partie du quotidien des camerounais. Elle choque, blesse, heurte et très vite est dépassée. Pourtant cela peut paraître imaginaire et même farfelu, mais à l’observation au Cameroun on a un pouvoir qui a fait de la mort un mode de gouvernance. On pourrait parler comme Achille Mbembe de nécro-politique ou nécro-pouvoir. Il a banalisé, légitimé la violence physique bien qu’ayant le monopole de la violence symbolique et l’utilise à tel point qu’au delà de l’assujettissement de sa population, la logique du dressage mis en place par le système colonial structure le psyché de l’appareil politique.
Il n’est donc pas surprenant qu’un chargé de mission à la présidence de la République à l’instar de Paul Atanga Nji puisse menacer de mort un directeur de publication d’un quotidien devant le ministre de la Communication. Pour beaucoup il s’agit d’un fait ordinaire parce que la violence telle que produite par le pouvoir a été endogéneisé. pourtant loin de simplement illustrer les représentations du pouvoir au sein de l’establishment politique il montre simplement qu’on a des hommes au pouvoir à Yaoundé qui peuvent penser à tuer et même tuer avec une facilité déconcertante. Pourtant c’est sur la protection de la vie que repose le socle philosophique et civilisationnel des sociétés dites négro-africaines….
Par Boris Bertolt, journaliste et chercheur