Sans surprise, les opposants du G7 ont désigné, mercredi 30 mars, le millionnaire et ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, candidat à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC). La coalition, qui rassemble plusieurs partis ayant quitté la majorité présidentielle pour protester contre le « glissement » du calendrier électoral, tenait son premier congrès à Kinshasa. L’intéressé, lui, n’a pas encore relevé le gant.
S’il entretient toujours savamment le flou sur ses intentions, Moïse Katumbi a multiplié les piques contre le pouvoir depuis septembre 2015 et sa démission du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation du président Joseph Kabila. « L’État de droit est sérieusement bafoué en RDC », confiait-il encore au Monde Afrique en février, réclamant comme à chacune de ses interventions le respect de la Constitution.
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De concert avec le reste de l’opposition, Moïse Katumbi reproche en effet au chef de l’Etat de vouloir se maintenir à la tête du pays, alors que son mandat expire en décembre 2016 et que la loi fondamentale lui interdit de se représenter.
Grand amateur de football, l’ex-homme d’affaires a pris ses distances avec Joseph Kabila en filant la métaphore sportive dès décembre 2014. « Dans le match politique congolais, nous avons accepté les deux premiers penaltys, qui étaient douteux. Allons-nous en accepter un troisième », avait-il lancé à la foule venue l’accueillir à sa descente d’avion à Lubumbashi. Une référence aux scrutins contestés de 2006 et 2011, emportés par l’homme fort de Kinshasa. Un président d’ailleurs longtemps soutenu par Moïse Katumbi.
Un homme d’affaires en politique
Fils d’une Congolaise et d’un juif italien qui a émigré en Afrique pour fuir le régime fasciste, l’opposant a fait fortune dans la sous-traitance aux entreprises minières du Katanga. Son père possédait une pêcherie, et c’est en devenant le principal fournisseur en poissons et produits frais de la Gécamines, la compagnie d’Etat de l’époque, que le jeune entrepreneur a engrangé ses premiers contrats. Il diversifiera par la suite ses activités en se lançant dans le transport, le commerce et l’approvisionnement alimentaire. Après un exil de plusieurs années en Afrique du Sud et en Zambie, il obtient à son retour au pays les droits d’exploitation de plusieurs gisements de cuivre et de cobalt.
Elu gouverneur du Katanga en 2007 avec la bénédiction de Joseph Kabila, Moïse Katumbi s’est souvent félicité d’avoir géré sa province « comme une entreprise ». Le réalisateur Thierry Michel, qui lui a consacré un documentaire, le présente volontiers comme « un mélange de Chavez et Berlusconi », un populiste très pieux qui n’hésite pas à arroser de dollars ses administrés. Si ses détracteurs l’accusent d’avoir profité de son pouvoir politique pour s’enrichir, « Moïse » jouit toujours dans la région d’une grande popularité. Un soutien incarné par les supporteurs du Tout Puissant Mazembe, le club de football de Lubumbashi dont il assure la présidence.