Au Tchad, le procès de quatre leaders de la société civile doit s’ouvrir ce jeudi 31 mars. Mahamat Nour Ahmat Ibedou, Nadjo Kaina Palmer, Younous Mahadjir et Céline Narmadji ont été arrêtés il y a une semaine alors qu’ils s’apprêtaient à organiser des manifestations contre la candidature du président tchadien Idriss Déby à un cinquième mandat. Leurs avocats estiment qu’ils n’ont rien à se reprocher et entendent plaider la relaxe.
Le palais de justice de Ndjamena, paralysé depuis mardi à cause de la grève générale lancée par l’Union des syndicats du Tchad afin d’obtenir la libération de quatre activistes, devrait retrouver ce jeudi une activité normale. Le personnel judiciaire gréviste a accepté de reprendre le travail permettant l’ouverture ce jeudi 31 mars du procès de ces responsables de la société civile.
Selon nos informations, les documents nécessaires à la tenue de d’audience ont été produits hier. L’audience de flagrant délit, devant laquelle ont été renvoyés Mahamat Nour Ahmat Ibedou, Nadjo Kaina Palmer, Younous Mahadjir et Céline Narmadji, devrait donc se tenir. Accusés d’avoir tenté d’organiser des manifestations contre le cinquième mandat que convoite le président tchadien Idriss Déby, alors que ces actions ont été interdites pendant toute la campagne électorale, ils sont poursuivis pour « provocation à un attroupement non autorisé, tentative d’atteinte à l’ordre public et opposition à l’exercice d’une autorité légitime ».
Pour leurs avocats qui comptent plaider la relaxe, l’infraction n’est pas constituée. Ils ont été arrêtés sur la base de simples intentions, il n’y a donc pas matière à procès. « Leur place n’est pas en prison. Ce n’est pas une infraction que d’exprimer une opinion, que de dire qu’il faut qu’un président, qui est resté au pouvoir pendant 26 ans, ne doit plus se présenter. C’est une opinion, plaide Me Delphine Djiraïbé. Et notre Constitution garantit cela. A ce stade, il n’y a rien qui viole les règles établies et la justice ne doit pas se rendre complice de la répression des populations et des sociétés civiles qui ne font qu’utiliser les moyens non violents pour faire entendre leurs voix. Si on leur enlève encore ça, qu’est-ce qui reste ? »
« Au Tchad, on n’a pas de procès politique, réplique le ministre tchadien de Sécurité publique, Ahmat Mahamat Bâchir. Ils sont tombés sous le coup de la loi. […] Aucun trouble ne peut être toléré. Nous sommes tous égaux devant la loi. Je dirais simplement aux uns et aux autres, d’être en dessous de la loi et non au-dessus de la loi. Maintenant, nous sommes un État de droit et nous pensons qu’ils sont sous le coup de la loi. Et à la justice de faire clairement son travail. »
Vendredi dernier, le médiateur national a négocié la libération des opposants, mais son initiative n’a pas abouti.
Source : RFI