Le procureur de la République tchadienne a requis six mois de prison ferme contre plusieurs leaders de la société civile et reporté la suite du procès au 14 avril.
Le procès reporté des leaders de la société civile, arrêtés tout azimut depuis le 24 mars dernier, a repris ce matin dans un Palais de Justice barricadé.
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Dans la salle se trouvaient les accusés, leurs proches et leurs avocats, les juges et le procureur, ainsi que “certaines personnalités”.
L’audience est à huis clos, interdite au public.
Dehors, à une centaine de mètres, se trouvait ce public interdit d’accès à la salle du Tribunal. Une foule estimée à 500-600 manifestants qui demandaient la libération des leaders en instance de jugement, cantonnés par une soldatesque en armes et ses 4×4 flambant neuves.
En marge de ce que M. Deby et les siens qualifient de “désordre”, des Tchadiens de tout bord, dont beaucoup de jeunes, partie eux aussi de la société civile tchadienne. Ils regardent, un air grave sur leur visage.
On peut tout arracher à un individu, sauf l’essentiel: la liberté de penser.
Beaucoup sont nés pendant l’ère Deby et n’ont rien vu d’autre. Pour eux l’intolérable est naturellement normal. Ils évoluent dans une croyance, en mode lavage de cerveau, que sans Deby ça sera le désordre total.
“La guerre? Ah non, on veut la paix nous!”
Le Mensonge d’État par excellence. Formatage conditionné.
Otages inconscients, la conception de la paix qu’on leur inculque est leur geôle.
Le seul objectif de ce procès est de ridiculiser les organisations de la société civile et de leur signifier leur impouvoir.
Pour gagner du temps.
Avant dimanche prochain.
Dimanche 10 avril, jour où le Choix du Peuple, croyant qu’il aura mystifié l’électorat en le bâillonnant et en lui attachant les mains derrière le dos, se risquera, sourire narquois mais nerveux, à arracher son 5ème mandat.
Très gros risque.
Car après dimanche, jour ordinaire du trop c’est trop, chaque jour sera un jour un jour.