(Image d’archive) Soldats tchadiens devant le tribunal de Ndjamena. © Thomas SAMSON/Gamma-Rapho via Getty Images
L’opposition tchadienne a dénoncé la disparition de militaires n’ayant pas voté pour le président sortant Idriss Déby Itno le 9 avril dernier. En début de semaine, le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo a parlé d’une soixantaine de militaires portés disparus dont les corps de certains ont été retrouvés charriés par le fleuve. Le chef de file de l’opposition appelle à une enquête indépendante sur le vote des militaires. Mardi 19 avril, les associations de défense des droits de l’homme se sont elles aussi émues de ces disparitions et demandent également une enquête.
Les Tchadiens sont allés aux urnes le 10 avril, mais pas les militaires, qui ont voté la veille, le 9 avril. Depuis, on est sans nouvelles d’une soixantaine d’entre eux, selon le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo. Il affirme même que des cadavres portant des traces de torture ont été retrouvés dans le fleuve Chari.
Des chefs militaires dans les isoloirs ?
Les associations ont pour l’instant, recueilli les témoignages de 21 familles qui sont sans nouvelles de leurs proches. Pyrrhus Banadji, le président de l’Association pour la promotion des libertés fondamentales au Tchad, est le porte-parole d’un collectif de six associations de défense des droits de la personne. « Nous avons été saisis par des parents des victimes qui ont allégué que lors du vote le 9, il semblerait que des chefs militaires s’étaient installés dans les isoloirs pour observer ceux qui ne votaient pas pour le président sortant et étaient arrêtés par la suite et torturés selon les témoignages que nous avons reçus », affirme-t-il.
Pourtant le vote est censé être secret. « Il y a deux situations en fait : il y a des cas où c’est devant tout le monde et il y a des cas où il y a des ouvertures qui permettent d’observer et si vous votez pour un autre candidat, vous êtes fichés et on vous arrête à votre sortie », assure-t-il.
Le leader associatif demande une enquête. « Nous exigeons la libération sans condition de ces militaires arrêtés et détenus dans des lieux secrets. Et nous exigeons aussi l’ouverture d’une enquête indépendante pour établir les responsabilités et sanctionner les auteurs de ces actes inhumains et barbares », explique-t-il.
« Allégations fallacieuses »
Le gouvernement a dénoncé des « allégations fallacieuses ». Le ministre de la Communication, Moustapha Ali Alifeï, explique que tous les « disparus » sont « en vie » et que toute la lumière sera faite « dans quelques jours ». « Le devoir les a appelés à s’éloigner momentanément de leur famille. Les forces de défense et de sécurité qui sont la cible de ces déclarations malveillantes prennent les dispositions nécessaires pour pouvoir apporter l’éclaircissement nécessaire sur leurs éléments qui sont actuellement en mission commandée dans leur poste d’affectation », justifie-t-il.
Dans les médias, le ministre de la Sécurité publique, Ahmad Mahmat Bachir, soutient que les militaires qui partent en mission n’ont pas toujours « l’audace ou la gentillesse d’en informer » leur famille.
Source: RFI