Quand le thuriféraire Hervé Emmanuel Nkom déclarait que son champion «Biya est l’incarnation de l’incapacité à diriger»
Aujourd’hui grand défenseur du régime Biya au pouvoir depuis bientôt 34 ans, Hervé Emmanuel Nkom était pourtant un opposant de la première heure dans les années 1992.
Actuellement sur la scène politique camerounaise, Hervé Emmanuel Nkom, membre du Comité Central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir, fait partie des plus virulents défenseurs de la politique du Chef de l’État, Paul Biya. Sur les plateaux de radio et de télévision où il est présent presque toutes les semaines, ce banquier camerounais ne manque pas d’arguments pour louer les actions du Président de la République ou pour répondre aux pourfendeurs et détracteurs du régime en place.
Mais ce zèle avec lequel il se déploie généralement doit de temps à autre le surprendre personnellement. Car il y a une vingtaine d’années, alors qu’il exerçait comme banquier en France, Hervé Emmanuel Nkom faisait partie des opposants les plus farouches au régime de Yaoundé. La preuve est contenue dans une coupure d’un numéro du journal La Nouvelle Expression daté de 1992, qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Le ton de ce jeune camerounais à l’époque, visiblement très sûr de lui était extrêmement dur. «M. Biya est l’incarnation vivante de l’incapacité à gouverner», avait-il par exemple déclaré dans une interview accordée à Jules Kemajou, alors correspondant du journal de Sévérin Tchounkeu en France. Dans le même entretien, Nkom indiquait avoir choisi de ne plus se rendre au Cameroun depuis dix ans, «à cause de la politique répressive de monsieur Biya».
Issa Tchiroma Bakary, actuel ministre de la Communication et ancien «ennemi» du régime, n’est donc pas le seul défenseur de Paul Biya à avoir retourné sa veste de façon spectaculaire. Il faudrait certainement rester attentif aux archives. La liste des contempteurs d’hier, devenus la caisse de résonance du régime aujourd’hui, pourrait davantage s’allonger. «Seuls les imbéciles ne changent pas», peuvent-ils nous rétorquer.
Par Wiliam Tchango, cameroon-info.net Douala