Cameroun ou la déliquescence d’une République devenue bananière, dans laquelle les nominations et promotions au sein du sérail dépendent essentiellement du degré d’allégeance à tel ou tel clan de la famille dite présidentielle et à ses ramifications .
Ainsi quand ce n’est pas le fils, l’épouse, le directeur du cabinet civil, le secrétaire général à la Présidence ou tel autre membre du clan présidentiel qui fait promouvoir un de ses proches à un poste d’influence de l’État, fait attribuer un marché public, ou accéder à d’autres passe-droits notamment dans l’admission aux grands corps de l’État. C’est leur flopée de serviteurs et d’obligés qui usent du même trafic d’influence pour escroquer des ministres, des directeurs généraux, et des responsables publics… promettant ici des audiences présidentielles, là des promotions ministérielles, parfois carrément une immunité judiciaire quand des rumeurs persistantes les rendent responsables de malversations financières.
Et on s’étonne donc que les mêmes femmes et hommes d’influence se livrent désormais à une guerre impitoyable, n’épargnant même plus leurs progénitures…Certains faisant état pour se dédouaner, des humiliations qu’ils auraient subies de la première dame; les autres (curieusement souvent les mêmes) se plaignant de ne pas pouvoir accéder à des fonctions plus prestigieuses ou régaliennes à cause du blocage de la même première dame ou de son clan.
Il faut juste constater et déplorer le profond et ininterrompu délitement institutionnel de l’État au Cameroun depuis au moins deux décennies, avec une gouvernance qui n’est en réalité plus assurée…les proches collaborateurs du prince se contentant d’improviser et de couper les têtes qui dépassent, pendant que l’octogénaire Président est uniquement préoccupé et même obsédé de mourir au pouvoir.
Une bien triste fin de règne (34 ans que ça dure!) pour un autocrate qui promettait le “Renouveau démocratique” aux Camerounais en 1982.
Joël Didier Engo
Président du CL2P