Les choses se précisent au Gabon à l’approche de la présidentielle du 27 août. Deux ténors de l’opposition, Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba, retirent leurs candidatures et appellent à voter Jean Ping contre Ali Bongo. L’accord de l’opposition a été officialisé lors d’un meeting à Libreville. L’ancien président de la Commission africaine se dit prêt à affronter le chef de l’État dans les urnes.
« Il s’agit de partir ensemble en campagne avec moi comme chef de file », assure Jean Ping. Le candidat de l’opposition insiste sur le fait que la campagne se fait désormais « ensemble ». « Je suis chef de file parce qu’il faut un général. Et le général ne va pas seul dans une bataille comme celle-là. Il y va avec ses coéquipiers », ajoute-t-il.
Concernant la nature de l’accord signé avec Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba Ndama, Jean Ping reste vague. « Vous allez connaître les détails de cet accord, promet-il. Cet accord est un accord qui nous permet d’aller en campagne, d’envisager tout le déroulement, avant, pendant et après. »
L’ancien président de la Commission de l’Union africaine s’est aussi montré serein quant à l’issue de la présidentielle du 27 août. « Quel que soit celui qu’on aurait pris à la tête de cette coalition, il aurait gagné, parce qu’Ali [Bongo] ne peut pas gagner, martèle l’opposant. Il ne va gagner qu’avec la fraude, mais nous l’attendons au tournant. Il a d’ailleurs déjà proclamé qu’il gagnera avec 53% des voix ! Tout le monde le sait ! Et nous savons qu’il a des procès verbaux déjà préparés. La stratégie, c’est de le battre, de protéger nos urnes, nos résultats, d’avoir des brigades anti-fraudes, de veiller à tout. Et nous allons le coincer par tous les moyens. »
Âpres négociations
Il aura en tout cas fallu trois jours et de longs débats, parfois houleux, pour que sorte le nom de Jean Ping. La décision fait suite à un appel de Zacharie Myboto. Le président du parti Union nationale a invité chez lui un panel d’une vingtaine de personnes composé de collaborateurs des candidats, de représentants de la société civile et de dignitaires politiques. Objectif : choisir un champion pour l’opposition.
Six candidats avaient été invités mais quatre ont finalement répondu à l’appel : Jean Ping, Casimir Oye Mba, Guy Nzouba Ndama et Raymond Ndong Sima. Après s’être accordé sur la méthode de négociation et les critères de choix, le panel a auditionné les quatre hommes. Finalement, Raymond Ndong Sima s’est retiré, parlant d’un malentendu sur le rôle du panel. Le groupe a alors demandé aux trois derniers de se concerter et de s’accorder sur un nom. Mais c’est l’échec.
Les trois hommes s’en remettent finalement au panel pour trancher. Après des débats très indécis, le nom de Jean Ping a finalement été adopté par consensus. Selon un participant, les trois poids lourds devraient faire campagne ensemble et mutualiser leurs moyens. Une bonne source explique à RFI qu’une plateforme présentant des réformes politiques, économiques et sociales sera présentée aux Gabonais. Un protocole d’accord politique a également été signé. Il reste confidentiel mais prévoirait notamment un partage du pouvoir en cas de victoire de Jean Ping.
La majorité reste confiante
Pour autant, malgré cette alliance de poids de l’opposition, la majorité affiche sa sérénité, à l’image d’Alain Claude Bilie Bi Nze, le porte-parole du candidat Ali Bongo joint par RFI. « C’est une nouvelle qui ne nous étonne pas, venant de la part de vieux politiciens qui ne pensent qu’à leurs petits intérêts », critique-t-il. Pour lui, les opposants « ne s’accordent pas sur un programme ou sur un projet politique et font de l’arrangement financier sur le dos de leurs militants. C’est ce que nous dénonçons depuis le départ. Ce sont des gens qui adorent les privilèges et qui ne veulent pas se battre jusqu’au bout ».
Et de tacler sévèrement Casimir Oye Mba et Guy Nzouba Ndama qui se sont ralliés à la candidature de Jean Ping. Des candidats qui selon lui, ne représentent pas le peuple gabonais, mais qui « viennent seulement de confirmer M. Jean Ping, qui représente un risque pour le Gabon. Un risque de basculer dans la violence, parce que tout son propos est violent. Un risque également lié aux affaires parce qu’il est lui-même cité dans plusieurs affaires, y compris son fils », martèle Alain Claude Bilie Bi Nze
Par RFI