C’est un témoignage un coup de poing qu’a livré au micro de Jean-Jacques Bourdin mercredi 7 septembre Eric, un expatrié de retour de Port-Gentil au Gabon.
Interrogé sur RMC, ce Français rentre du Gabon où il a passé 12 jours. “Ce que raconte le pouvoir est complètement faux, a-t-il dit. J’ai vu les militaires sur la population qui n’avait rien pour se défendre, des enfants tomber, ensanglantés.” La voix du témoin commence à vibrer, il s’excuse d’être pris par l’émotion puis interpelle le président sortant Ali Bongo Odimba. “M. Bongo je vais depuis 2005 dans votre pays, arrêtez ! Vous mentez, vous racontez des bêtises pour votre protection et pour le pouvoir!”
“Pardon pour le sang qui coule”
Alors qu’Ali Bongo hier sur Europe 1 a évalué le bilan des violences à 3 morts, un chiffre inférieur à celui délivré par son propre porte-parole la semaine précédente, ce témoin estime à plusieurs dizaine le nombre de victimes. “J’ai vu des pillages mais il faut savoir que les militaires pillent, après les pilleurs également. (…) Pardon pour le sang qui coule”, a-t-il dit, au nom des Français en pointant la responsabilité de certains politiques corrompus par le pouvoir d’Ali Bongo en taclant Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy.
Au tour de Jean-Jacques Bourdin de tacler “la complaisance de certains politiques français et de de certains journalistes français”. Hier, Ali Bongo a déployé son plan de communication sur Rtl et Europe 1. Il visait à dénigrer le travail de la mission d’observation de l’Union européenne tout en se félicitant de l’attitude française. Une manière d’encourager la classe politique française à le soutenir, au détriment de la communauté internationale qui exige un re-comptage. “Je suis gêné par le manque d’indépendance et de liberté”, a déclaré Jean-Jacques Bourdin. L’animateur vedette accuse Bongo de refuser la vérité. “C’est pas la pression française qui va l’empêcher d’être président”, ironise-t-il avant de se demander si un seul homme politique français a condamné la tricherie au Gabon. Deux seulement l’ont fait, outre un communiqué du parti socialiste, l’engagement de Jean-Luc Mélenchon et les paroles de François Fillion qui a déclaré “avoir le sentiment qu’Ali Bongo a perdu”.
Paris Match