Le verdict prévu ce mercredi 5 octobre 2016 a été reporté au 19 octobre pour composition irrégulière du collège des juges. Reconnu comme prisonnier politique par l’ONG française CL2P, l’ancien directeur des Impôts est accusé du détournement de 1,8 milliards de F CFA destinés au remboursement de la TVA à des entreprises.
Juste quelques minutes ont suffi pour le président de la collégialité de reporter le verdict au 19 octobre 2016. Raison avancée : composition irrégulière du collège des juges. En effet, ce mercredi 5 octobre 2016 au Tribunal criminel spécial à Yaoundé, seul le président du collège des juges était présent. Les deux autres membres se sont inscrits aux abonnés absents.
L’ancien directeur des Impôts, Polycarpe Abah Abah, est accusé du détournement de plus de 1,8 milliards. Il s’agit d’une somme d’argent destinée au remboursement de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) pour le compte de près d’une trentaine d’entreprises. Le montant querellé s’est retrouvé, courant avril 2000, dans le compte personnel de M. Abah Abah à la Commercial Bank of Cameroon (CBC).
Ce dernier dit n’avoir jamais émis un ordre de virement d’un tel montant dans son compte bancaire. Il s’agit d’une confusion par la CBC du compte intitulé « Remboursement de la TVA » au sien. Les deux comptes bancaires ne différaient l’un de l’autre que d’un chiffre. Une erreur reconnue puis rectifiée par la banque qui a reversée cette somme dans le compte de la direction des Impôts.
Dans leur plaidoirie le 20 septembre dernier, les conseils de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances ont dénoncé les multiples violations des droits de la défense au cours de cette procédure.Polycarpe Abah Abah est sous le coup d’une condamnation à 25 ans de prison depuis le 13 janvier 2016 pour malversations financières dans le cadre de la gestion de la part de TVA destinée au Crédit foncier du Cameroun.
Depuis mars 2015, l’ancien directeur des Impôts est reconnu comme un prisonnier politique par le Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P), une ONG basée à Paris en France. Avant son arrestation fin mars 2008, il a été pointé du doigt par des services secrets camerounais comme un membre du G11 (groupe de jeunes hauts commis de l’Etat soupçonnés d’avoir eu des ambitions présidentielles en 2011).