J’ai beau observer les critiques formulées par de nombreux Camerounais à l’endroit de la participation des universitaires au forum sur l’action sociale de la Première Dame, je peine à trouver où se logerait une “inculture” ou un «populisme» dans cette désapprobation collective d’un peuple réduit à la mendicité matérielle et intellectuelle, et qui ne comprend précisément pas (malgré les références philosophiques citées) comment dans le contexte totalitaire de la prédation institutionnalisée de la fortune publique au Cameroun, des intellectuels les plus respectés et respectables peuvent prêter un caractère scientifique à une œuvre dite sociale, qui sert davantage de logistique misérabiliste à la perpétuation de la dictature en place depuis 34 années au Cameroun.
Si inculture livresque voire populisme il y aurait d’un côté, pourquoi ne pas les opposer à l’inculture politique d’une certaine intelligentsia pouvoiriste camerounaise?
Car participer à une telle imposture morale et scientifique, y compris à titre personnel, tend à exprimer un cynisme assumé et une curieuse confusion des genres pour des universitaires. Mais bon nous sommes coutumier du fait au Cameroun de Paul Biya, et rien ne devrait plus nous surprendre.
Donc loin de moi la tentation de vouloir empêcher de libres penseurs camerounais à participer à des forums ou colloques de leur choix. Mais je crains fort que leur participation ne puisse pas contribuer à un quelconque «diagnostic sociopolitique» au Cameroun. Précisément parce que la solennité donnée à cet événement avec la présence du Premier ministre Philémon Yang laisse clairement entendre qu’il s’agit ici d’une rampe de lancement d’une entreprise non avouée de perpétuation de la dictature en place. Et de ce colloque dit scientifique, le commun des camerounais risque en réalité ne retenir hélas comme trop souvent (sous l’emprise de la propagande du régime en place), que la “légitimation” apportée par d’éminents intellectuels à l’œuvre de prédation institutionnalisée de la fortune publique par la première dame du Cameroun.
Autant de méthodes d’adoubement des intellectuels puis d’abrutissement des masses consubstantielles au régime de Paul Biya depuis 34 années.
Joël Didier Engo, Président du CL2P